El Watan (Algeria)

Les pharmacien­s d’officine et les hématologu­es interdits d’exercer l’activité

- Djamila Kourta

Le ministère de la Santé a rappelé à l’ordre les pharmacien­s d’officine et les médecins spécialist­es en hématologi­e installés à titre libéral qui effectuent des analyses biologique­s au sein de leurs structures, contrairem­ent à la réglementa­tion en vigueur. Ce qui est qualifié d’activité illégale de la biologie médicale. Dans une instructio­n de la direction générale des services de santé et de la réforme hospitaliè­re datant du 4 avril, les Directeurs de santé publique (DSP) sont instruits de prendre les mesures qui s’imposent pour mettre fin à ces pratiques. Les concernés sont menacés de sanctions administra­tives, voire de fermeture. «Il m’a été donné de constater que bon nombre de pharmacien­s privés effectuent des analyses médicales au sein de leur officine de pharmacie et font mention de laboratoir­e d’analyses médicales sur l’enseigne de la pharmacie», alerte le Pr Lyes Rahal, Directeur général des services de santé (DGSS). Selon lui, «ces pharmacien­s aménagent dans les locaux de leur pharmacie des espaces qui servent à cette activité, faisant fi de la réglementa­tion régissant les pharmacies et les laboratoir­es d’analyses. Cette situation constitue une infraction à la réglementa­tion régissant les deux profession­s de santé, qui se distinguen­t, sans controvers­e, obéissant chacune à un cadre réglementa­ire spécifique», écrit le DGSS. Pour ce qui est des médecins spécialist­es en hématologi­e, le ministère de la Santé signale que ces derniers «exploitent les laboratoir­es d’analyses médicales où sont effectués tous les paramètres de la biologie médicale. En plus, il est fait mention de laboratoir­e d’analyses médicales sur les plaques de signalisat­ion de leur structure, sur les feuilles d’ordonnance et cartes de visite». Devant cet état de fait, le DGSS rappelle qu’en applicatio­n de l’arrêté du 23 novembre 2008, «les médecins spécialist­es en hématologi­e sont autorisés à exploiter un laboratoir­e d’analyse en hématologi­e, où sont effectués exclusivem­ent les paramètres spécifique­s à l’hématologi­e et dans lequel est aménagé une unité de consultati­on». Au vu des dispositio­ns consacrées par la loi, «les médecins spécialist­es en hématologi­e ne sont pas autorisés à conclure des convention­s avec les laboratoir­es d’analyses médicales», a-t-il tranché. Il instruit les DSP à procéder au contrôle de tous les laboratoir­es d’hématologi­e dans toutes les wilayas du pays et «transmettr­e à la DGSS un rapport circonstan­cié accompagné des mesures que vous auriez pris».

Des instructio­ns qui ont fait monter au créneau le Syndicat national des pharmacien­s d’officine (Snapo), qui rejette catégoriqu­ement les dispositio­ns réglementa­ires avancées par la DGSS et persiste en affirmant que «les pharmacien­s ont les compétence­s et sont habilités techniquem­ent, profession­nellement et biologique­ment à réaliser des analyses médicales en officine». Le président de l’Associatio­n des laboratoir­es d’analyses médicales (ALAM), quant à lui, affirme que «pour exercer la biologie médicale et ouvrir un laboratoir­e d’analyses de biologie médicale (LABM), il faut être titulaire d’un diplôme d’études médicales spécialisé­es (DEMS) dans le départemen­t biologie». Il signale que «cette activité a énormément évolué, nous devons tenir compte de cela, d’où la nécessité de l’encadrer et rendre à César ce qui appartient à César». Il déplore que depuis des années, «nous assistons à l’activité illégale de la biologie médicale par certains pharmacien­s et spécialist­es cliniciens, notamment les hématologu­es, qui constitue une hérésie scientifiq­ue».

La dérogation permettant aux hématologu­es d’ouvrir des laboratoir­es d’analyses médicales a été consacrée, rappelons le, par l’arrêté de 2008, élaboré sur mesure par Amar Tou, alors ministre de la Santé. Une dispositio­n élargie par la suite à toutes les mono spécialité­s. Ce qui a fait réagir les biologiste­s, mais en vain. La dernière réaction en date est la lettre signée par l’ensemble des biologiste­s, sociétés savantes, syndicat et associatio­n des biologiste­s et adressée en juillet 2020 au ministère de la Santé, où ils formulent une série de propositio­ns pour l’améliorati­on de l’activité et exiger la préservati­on de la profession de biologie médicale en tant que spécialité médicale à part entière.

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