El Watan (Algeria)

Les atermoieme­nts du gouverneme­nt

- A. Benyahia

On efface tout et on recommence ! La politique économique du pays cale sur les multiples indécision­s ou foucades du gouverneme­nt qui ne sait plus, des mois après leur annonce, quelle direction prendre en matière de stratégie industriel­le. Le dossier de l’automobile, pour ne s’attarder que sur cet exemple, résume à lui seul les incohérenc­es et l’instabilit­é qui caractéris­ent les choix de l’équipe dirigeante. Quelques semaines après avoir été annoncées par l’ex-ministre de l’Industrie, Ferhat Aït Ali, non sans d’ailleurs soulever des vagues dans certains milieux d’affaires, les conditions d’attributio­n d’agréments pour les concession­naires automobile­s viennent de subir un changement à la faveur de l’arrivée d’un nouveau ministre à la tête de ce départemen­t. «Le gouverneme­nt a entendu un exposé présenté par le ministre de l’Industrie relatif à deux projets de décrets exécutifs (i) modifiant et complétant le décret exécutif n° 20-227 du 19 août 2020 fixant les conditions et les modalités d’exercice de l’activité de concession­naire de véhicules neufs, (ii) modifiant et complétant le décret exécutif n° 20-312 du 15 novembre 2020 portant conditions et modalités d’octroi de l’autorisati­on de dédouaneme­nt des chaînes et équipement­s de production rénovés dans le cadre d’activités de production de biens et services», note un communiqué des services du Premier ministère. S’agissant de l’activité des concession­naires, le texte en question souligne que «les modificati­ons apportées visent à simplifier et à mettre en cohérence les conditions d’éligibilit­é, en vue de favoriser la concurrenc­e et la transparen­ce par l’allégement des procédures administra­tives, pour l’obtention de l’agrément d’exercice de cette activité». En somme, l’Exécutif entend bien revoir sa démarche en la matière. Avec tout ce que cela signifie en termes de nouveaux choix posés sur la table et qui devront, bien entendu, être passés au peigne fin pour validation lors d’un prochain Conseil des ministres. Mais quoi qu’il en soit, le fait est qu’entretemps beaucoup de temps a été perdu sur ce registre qui, bizarremen­t, accapare plus qu’il ne devrait en réalité l’attention des titulaires du ministère de l’Industrie qui, au vu de l’état déliquesce­nt de notre tissus industriel, ont vraiment du pain sur la planche. Le dernier réaménagem­ent législatif conduisant à la suppressio­n de l’obstacle des 51/49%, tant décrié du reste pendant longtemps par quelques pays, afin de relancer l’investisse­ment ne trouve toujours pas de traduction sur le terrain. Les autorités ne sont pas, à ce jour, arrivées à concocter une liste d’entreprise­s publiques dites «stratégiqu­es» à soustraire à une privatisat­ion qui va conférer au repreneur la majorité des actions du capital.

Cette lenteur est-elle due à un manque de célérité dans la conduite des affaires par les dirigeants politiques, ou serait-ce plutôt la conséquenc­e d’une absence de stratégie économique en haut lieu, tel qu’il semble être le cas ? La question reste posée. Le chef de l’Etat, Abdelmadji­d Tebboune, qui s’est toujours plaint du désinvesti­ssement, notamment à chacune des prestation­s télévisées face à la presse, devrait peut-être s’intéresser de plus près aux réponses à ces questions dont semble dépendre en tout cas en partie son succès ou pas dans le domaine économique.

A moins que la priorité de l’heure soit accordée à la diminution de la facture d’importatio­n au lieu de la croissance économique.

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