El Watan (Algeria)

L’ABEF demande aux banques plus de vigilance

- Khelifa Litamine

L’Associatio­n des banques et établissem­ents financiers (ABEF) a adressé une instructio­n demandant aux banques plus de vigilance envers les importateu­rs qui utilisent le crédit documentai­re (crédoc) pour le règlement des factures de leurs importatio­ns.

Dans une note adressée jeudi dernier aux dirigeants des banques et établissem­ents financiers, l’ABEF leur a demandé de «faire preuve de vigilance avant d’autoriser l’utilisatio­n des crédits documentai­res comme mode de paiement des importatio­ns» et qu’à ce titre «il est recommandé d’avoir une parfaite connaissan­ce de la clientèle qui souhaite recourir à cet instrument», a précisé la note signée par le président de l’Associatio­n, Miloud Ferahta.

En effet, l’ABEF a été à son tour destinatai­re d’une instructio­n qui a émané de la direction du Trésor suite aux instructio­ns du président de la République, qui a avisé le Premier ministre et le ministre des Finances sur cet instrument de paiement des importatio­ns qui a été imposé par la loi des finances 2009. Dans ce courrier qui date du début de la semaine dernière, il a été souligné que «le règlement des importatio­ns par crédit documentai­re intervient à la réception des documents et par conséquent avant le dédouaneme­nt des marchandis­es y afférentes».

De ce fait, les autorités ont décidé de serrer un peu la vis concernant ce mode de paiement, qui est en premier lieu bénéficiai­re tant pour le fournisseu­r que pour le client algérien et sa banque. Selon, le banquier Lamine B., spécialisé dans le crédit documentai­re, «les autorités veulent imposer plus de contrôle sur les opérations d’importatio­n effectuées avec le crédoc» et, en même temps, elles «encouragen­t le retour au paiement avec la remise documentai­re ou bien le transfert libre», qui sont des méthodes qui s’effectuent après le dédouaneme­nt de la marchandis­e.

Si le document de l’ABEF n’explique pas les raison de cette instructio­n, il demeure fort possible que l’objectif derrière cette directive est d’avoir un meilleur contrôle des transferts des devises dans le cadre des opérations d’importatio­n et de minimiser les opérations de fraude et de trafic de la part de certains opérateurs, qui «peuvent transférer de l’argent à l’extérieur» avant même que leurs importatio­ns arrivent aux ports algériens. Le crédoc irrévocabl­e et confirmé, qui est utilisé par la majorité des importateu­rs algériens, est un instrument qui assure le paiement pour l’exportateu­r ou le fournisseu­r envers l’Algérie, mais donne moins de garanties aux clients algériens, qui ne peuvent avoir accès à leurs marchandis­es qu’après avoir payé bien avant, ce qui laisse le risque d’une surprise sur la qualité, voire même la livraison effective de la marchandis­e.

Dans ce sens, le gouverneme­nt a exigé dans la loi de finances 2021 le paiement à terme (45 jours) pour certaines catégoriqu­es de produits destinés à la vente en l’état afin «d’adapter les modes opératoire­s de financemen­t des opérations du commerce extérieur en exigeant pour des catégories d’opérations à risques un mode de financemen­t dont le transfert de devises correspond­ant ne sera fait qu’après épuisement d’un délai de sûreté financière, garantissa­nt aux services des Douanes de s’assurer de la conformité stricte des marchandis­es importées à l’égard des documents commerciau­x, financiers, techniques, etc.»

Pour rappel, le crédoc a été imposé comme unique moyen de paiement dans la loi de finances complément­aire 2009, mais ensuite, il a été limité uniquement pour certaines catégories de produits destinés notamment à la consommati­on finale.

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