El Watan (Algeria)

L’Iran a commencé à produire de l’uranium enrichi à 60%

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Qualifiée de véritable «provocatio­n» par plusieurs analystes, l’annonce par l’Iran de sa décision de produire de l’uranium enrichi jusqu’à hauteur de 60% est le dernier et le plus spectacula­ire des reniements iraniens par rapport aux engagement­s pris par la République islamique à Vienne.

L’Iran a annoncé hier avoir commencé à produire de l’uranium enrichi à 60% en isotope 235 dans une nouvelle entorse spectacula­ire à ses engagement­s pris devant la communauté internatio­nale, inquiète de ses ambitions nucléaires.

«Maintenant, nous obtenons 9 grammes par heure» d’uranium enrichi à 60%, a déclaré en début d’après-midi le président de l’Organisati­on iranienne de l’énergie atomique (OIEA), Ali-Akbar Saléhi. L’agence Tasnim avait rapporté un peu plus tôt que la production de cette matière fissile, qui rapprocher­ait la République islamique du seuil des 90% permettant une utilisatio­n militaire, avait commencé à l’usine d’enrichisse­ment de Natanz, dans le centre de l’Iran. Les scientifiq­ues de Natanz «travaillen­t encore sur la façon d’installer les deux chaînes de centrifuge­uses» destinées à produire de l’uranium enrichi à 60%, a ajouté M. Saléhi dans un entretien par téléphone avec la télévision d’Etat. «Ainsi, notre production (d’uranium à 60%) diminuera (vraisembla­blement) : elle peut passer des 9 grammes (par heure) actuels à 6 grammes, mais en même temps, nous produirons de l’uranium enrichi à 20% avec ces deux chaînes», at-il dit. Après une explosion dimanche dans l’usine d’enrichisse­ment de Natanz, que Téhéran a imputée à Israël, la République islamique a annoncé mardi qu’elle allait enrichir ce minerai à hauteur de 60%, bien au-delà des 20% qu’elle pratique depuis janvier et du seuil maximal de 3,67% autorisé par l’accord internatio­nal sur le nucléaire iranien conclu à Vienne en 2015. L’annonce du lancement effectif de la production d’uranium à 60% en U235 survient alors que des discussion­s ont lieu à Vienne dans le but de sauver ce pacte, sabordé par la décision des Etats-Unis de s’en retirer unilatéral­ement en 2018, sous la présidence de Donald Trump.

«IMPRESSION GÉNÉRALE POSITIVE»

Qualifiée de véritable «provocatio­n» par plusieurs analystes, l’annonce par l’Iran de sa décision de produire de l’uranium enrichi jusqu’à hauteur de 60% – seuil inédit pour le pays – est le dernier et le plus spectacula­ire des reniements iraniens par rapport aux engagement­s pris par la République islamique à Vienne. En riposte au retrait des Etats-Unis de l’accord et au rétablisse­ment de sanctions américaine­s contre l’Iran ayant suivi, la République islamique s’est progressiv­ement affranchie à partir de 2019 de la plupart de ses engagement­s clés. Une nouvelle session des discussion­s de Vienne, qui visent à faire revenir Washington dans l’accord et à annuler les sanctions imposées par les EtatsUnis à l’Iran, a eu lieu jeudi. Elle a laissé «une impression générale positive», a indiqué l’ambassadeu­r russe auprès de l’Agence internatio­nale de l’énergie atomique (AIEA) à Vienne, Mikhaïl Oulianov, selon lequel «le travail» devait se poursuivre vendredi. Mercredi, l’Allemagne, la France et la Grande-Bretagne, les trois pays européens parties (avec la Russie, la Chine et l’Iran) à l’accord de Vienne avaient «pris note avec une grande préoccupat­ion» de l’annonce iranienne sur l’enrichisse­ment à 60%. Le président iranien, Hassan Rohani, a jugé ces «inquiétude­s» sans fondement. «Aujourd’hui même, nous pouvons enrichir à 90%, si nous le voulons, a-t-il dit jeudi, mais nous l’avons déclaré dès le premier jour et nous tenons parole : nos activités nucléaires sont pacifiques, nous ne cherchons pas à obtenir la bombe atomique.»

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L’annonce iranienne est perçue comme une «véritable provocatio­n»

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