Malgré la Covid-19, les militants pour le climat gardent le cap
Frappés en plein élan par l’épidémie de la Covid-19 et les confinements, les citoyens mobilisés pour le climat ne désarment pas et comptent redonner de la voix à l’occasion de plusieurs rencontres internationales majeures. En 2019, des centaines de milliers de personnes, surtout des jeunes, descendaient dans la rue pour demander à leurs gouvernements d’agir pour lutter contre le changement climatique et protéger l’environnement, du jamais vu. L’arrivée du coronavirus et le confinement dans de nombreux pays a porté un coup d’arrêt à ce mouvement, forçant à annuler des marches pour le climat prévues à travers le monde en mars et en avril 2020. «La pandémie est arrivée à un moment où nous avions un pic de mobilisation», constate Nicolas Haeringer, de l’association 350.org. Avec pour les jeunes «le besoin de se retrouver, de se mobiliser ensemble dans la rue», complète Sébastien Duyck, de l’ONG CIEL.
La jeunesse s’est adaptée en portant son combat sur internet, perdant au passage en manifestants et en visibilité. Pour autant, ce temps n’a pas été perdu, veut croire Nicolas Haeringer. Le mouvement Fridays for Future inspiré par Greta Thunberg «était très ancré dans la jeunesse européenne. La pandémie a été mise à profit pour rééquilibrer les choses et construire un vrai leadership dans les pays du Sud», dit-il. «Cela a été dur pour les mouvements» citoyens, reconnaît Clare Farell, co-fondatrice d’Extinction Rebellion, qui prône la désobéissance civile. «Nous sommes vraiment impatients de renouer avec des actions dans l’espace public, de rencontrer de nouvelles personnes et de construire à nouveau ces mouvements», poursuit-elle. Aux Etats-Unis, «le mouvement ne s’arrête pas, mais la tactique des grèves pour le climat n’est pas la forme dominante d’activisme en ce moment et pourrait ne pas revenir», constate la sociologue Dana Fisher, de l’université du Maryland aux Etats-Unis. Les jeunes militants se sont engagés autrement, dans la lutte contre le racisme ou lors de la campagne électorale. «Nous voyons aujourd’hui Sunrise, le groupe de jeunes le plus actif (...), s’impliquer pour aider des membres de minorités ethniques à se faire vacciner contre la Covid19», poursuit-elle.
Pour certains jeunes, la motivation reste intacte. «Nous restons connectés, c’est génial et je crois qu’il y aura une mobilisation des jeunes», quelle qu’en soit la forme, assure à l’AFP Michel Villarreal, une étudiante bolivienne en droit de 18 ans. Le sommet virtuel sur le climat organisé les 22 et 23 avril par le président américain, Joe Biden, pourrait être un premier jalon, avant plusieurs réunions jugées cruciales d’ici la fin de l’année : le congrès mondial de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) en septembre, la COP15 sur la biodiversité en octobre et la COP26 sur le climat en novembre, trois événements prévus au départ en 2020. Des associations parlent «de réorganiser une journée mondiale d’action, probablement au début de l’automne pour reprendre l’initiative collectivement», indique Nicolas Haeringer. Cette mobilisation est essentielle pour montrer aux dirigeants «à quel point le soutien à des actions rapides est important», ajoute Clare Farell.
Il est probable que l’Union Européenne ne renouvelle pas ses contrats de vaccins contre la Covid-19 avec le groupe pharmaceutique AstraZeneca, a indiqué vendredi la ministre française de l’Industrie Agnès Pannier-Runacher. «La décision n’est pas tranchée» mais, après la décision du Danemark mercredi d’abandonner ce vaccin, «c’est la plus grande probabilité» que l’Europe ne fasse pas de nouvelles commandes, a indiqué la ministre sur la radio RMC. «Nous n’avons pas amorcé de discussions avec Johnson & Johnson et avec AstraZeneca pour un nouveau contrat, là ou nous avons d’ores et déjà amorcé des discussions avec Pfizer/BioNTech et Moderna», a-t-elle souligné. «Nous avons un portefeuille vaccinal avec ARN messager qui fonctionne très bien et ont peu d’effets secondaires, nous allons avoir des nouveaux vaccins, si tout va bien, Novavax, Sanofi, qui sont des protéines recombinantes qui ont de très bons résultats et nous avons 50 ans de recul sur ce type de technologie», a-t-elle expliqué. «Ces vaccins vont arriver au deuxième semestre, donc nous allons voir beaucoup de doses sur différentes plateformes permettant de répondre à l’ensemble des besoins.» La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a fait valoir cette semaine que Pfizer-BioNTech s’était «révélé un partenaire fiable, qui a honoré ses engagements et se montre réactif face à nos besoins», à rebours des problèmes de livraison d’AstraZeneca, développé avec l’université d’Oxford. Le Danemark est devenu mercredi le premier pays européen à annoncer l’abandon du vaccin d’AstraZeneca, justifiant ce choix par les effets secondaires «rares» mais «graves» malgré les feux verts du régulateur européen et de l’OMS pour l’utiliser. Le Danemark poursuit ainsi sa campagne d’immunisation avec les seuls vaccins Pfizer/BioNTech et Moderna.