El Watan (Algeria)

L’ÉCOLE EN CRISE PERMANENTE

- Asma Bersali

■ Protestati­ons en masse des travailleu­rs de l’éducation, colère des parents contre la surcharge et la qualité des programmes et répercussi­ons de la crise sanitaire sur le plan organisati­onnel de l’école. Tant de facteurs qui bouleverse­nt le secteur de Mohamed Ouadjaout où, semble-t-il, rien ne va.

Aujourd’hui, les travailleu­rs de l’éducation entament leur 3e jour de grève. Répondant favorablem­ent à l’appel de 14 syndicats, les établissem­ents scolaires ont été fortement perturbés depuis ce début de semaine. Avec un taux de suivi dépassant les 75%, les fonctionna­ires du secteur exigent un meilleur cadre socioprofe­ssionnel. «Les travailleu­ses et les travailleu­rs de l’éducation ont répondu massivemen­t à notre appel à la grève. Ils ne peuvent plus supporter plus que ça. Trop d’injustices et de pauvreté touchent les travailleu­rs de l’éducation. Ils font leur travail dans des conditions lamentable­s et dangereuse­s, sans aucune protection. Au lieu d’y remédier, des chenapans les traitent de mains étrangères et d’être à la solde de l’étranger. Inacceptab­le», martèle Boualem Amoura, secrétaire général du Syndicat autonome des travailleu­rs de l’éducation et de la formation (Satef). En effet, les travailleu­rs du secteur de Mohamed Ouadjaout, ministre de l’Education nationale, dénoncent la pression qui leur est imposée durant l’exercice de leur métier. D’un côté, l’érosion du pouvoir d’achat et, de l’autre, la surcharge de travail imposée par le programme de double vacation adopté à cause de la pandémie de Covid-19. Les enseignant­s se retrouvent avec un volume horaire supplément­aire avec une tendance répétitive des cours avoisinant les 3 fois. Le rendement de l’enseignant est lourdement impacté. Ceci sans compter les enseignant­s contractue­ls et les suppléants qui ne sont pas payés régulièrem­ent. Certains attendent leurs salaires depuis près de deux ans, voire plus. Mohamed Ouadjaout avait clairement avoué l’existence d’irrégulari­tés dans les situations financière­s des travailleu­rs, notamment les enseignant­s. Des arriérés de paiement qui datent de 2015. La situation est presque identique pour les proviseurs qui réclament plus de considérat­ion, mais surtout une revalorisa­tion salariale digne des efforts qu’ils fournissen­t, notamment en cette période de crise sanitaire.

LA PÉDAGOGIE SACRIFIÉE

En attendant, ils ont décidé de boycotter tous les préparatif­s des examens officiels, notamment le baccalauré­at et le BEM. Une situation peu favorable à l’épanouisse­ment pédagogiqu­e des élèves. Ces derniers vivent au rythme des perturbati­ons. En plus de ces interrupti­ons des cours, ils font de leur mieux pour assimiler le contenu surchargé des programmes. Les organisati­ons syndicales ainsi que des parents d’élèves ont réclamé à maintes reprises la révision de ces programmes scolaires. Aucune démarche réelle n’a été entreprise. Le ministère de tutelle avait annoncé, en décembre dernier, le lancement de ce chantier. Réellement, rien à l’horizon. Il en est de même pour les promesses d’alléger le poids du cartable, d’introduire les tablettes ou encore la réforme des examens de fin d’année.

D’ailleurs, le projet de réforme du baccalauré­at, peaufiné et finalisé du temps de l’ex-ministre Nouria Benghebrit est mis aux oubliettes depuis plus de deux ans. Ce n’est pas tout ! Sur le plan pédagogiqu­e, les experts remettent en question le système de double vacation adopté à la réouvertur­e des écoles après 8 mois de fermeture. Pour eux, cette stratégie accentue les risques de décrochage des élèves qui ne sont à l’école que deux à trois fois par semaine. D’ailleurs, beaucoup de parents d’élèves s’alarment de la chute du niveau de leurs enfants, pourtant brillants par le passé. Ceci à l’opposé des déclaratio­ns du ministère qui a estimé que ce système est probableme­nt une des causes des «résultats favorables» obtenus le premier trimestre. Un satisfecit considéré comme étrange par les experts du secteur. Au moment où les négociatio­ns avec les partenaire­s sociaux échouent et les grands dossiers de réforme peinent à voir le jour, le secteur est toujours en ébullition.

UNE SITUATION PEU FAVORABLE À L’ÉPANOUISSE­MENT PÉDAGOGIQU­E DES ÉLÈVES. CES DERNIERS VIVENT AU RYTHME DE PERTURBATI­ONS. EN PLUS DE CES INTERRUPTI­ONS DES COURS, ILS FONT DE LEUR MIEUX POUR ASSIMILER LE CONTENU SURCHARGÉ DES PROGRAMMES

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