El Watan (Algeria)

«Non à la gestion bureaucrat­ique de la liberté de manifester !»

l Des militants politiques, des avocats et des citoyens de divers horizons n’ont pas tardé à dénoncer «cette tentative d’imposer une gestion bureaucrat­ique de la liberté de manifester».

- Madjid Makedhi

L’exigence de la déclaratio­n préalable des marches hebdomadai­res du hirak réitérée, dimanche dernier, par le ministère de l’Intérieur, a suscité un déluge de réactions. Et cela dès la publicatio­n du communiqué sur la page Facebook de ce départemen­t ministérie­l. Des militants politiques, des avocats et des citoyens de divers horizons n’ont pas tardé à dénoncer «cette tentative d’imposer une gestion bureaucrat­ique de la liberté de manifester». Selon eux, le pouvoir tenter de verrouille­r le dernier espace d’expression libre dans le pays, après la fermeture des médias et le musellemen­t des associatio­ns et des partis politiques. «Le ministère de l’Intérieur escompte, ni plus ni moins, imposer une gestion administra­tive, voire bureaucrat­ique du mouvement populaire du 22 février 2019», affirme Fetta Sadat, avocate et membre de la direction du RCD. Et d’ajouter : «Par là, le ministère feint d’ignorer tout simplement que depuis février 2019, le peuple algérien est définitive­ment engagé dans un processus révolution­naire. Ce flagrant déni de la réalité est une autre démonstrat­ion que les tenants du pouvoir de fait ne cessent de multiplier artifices et manoeuvres de toutes sortes pour étouffer la révolution populaire. Se référer sans vergogne aux dispositio­ns de la Constituti­on ne manque pas d’étonner.» L’avocate rappelle que «l’applicatio­n de la Loi fondamenta­le du pays ne peut être sélective, saucissonn­ée ou à sens unique». «Cette applicatio­n impose, d’abord et avant tout, le respect des droits et libertés, tous les droits et libertés, par ailleurs pompeuseme­nt consacrés et garantis. C’est un jalon essentiel pour la constructi­on de l’Etat de droit pour lequel oeuvre le peuple algérien», explique-t-elle. De son côté, Me Abdelghani Badi relève d’abord «le fait que le communiqué du ministère de l’Intérieur fait référence à la loi qui n’a jamais été citée, car elle est inexistant­e». L’avocat rappelle aussi «qu’il n’y a aucun texte régissant la déclaratio­n des manifestat­ions, tel que prévu par l’article 52 de la Constituti­on».

Dans un communiqué rendu public, la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH) affirme que «le ministère de l’Intérieur franchit un autre pas dans la dérive». «Il décide d’imposer une déclaratio­n préalable qui cache mal la mauvaise volonté du pouvoir à en finir avec le hirak. Les manifestat­ions pacifiques du hirak ont-elles besoin d’une déclaratio­n préalable après 116 marches durant plus de deux ans ? Le hirak a-t-il besoin d’une déclaratio­n après celle faite par tout le peuple le 22 février 2019 ?» s’interroge encore la Ligue. La LADDH rappelle que le hirak «a libéré l’espace public fermé par le régime autoritair­e durant près de deux décennies et a permis au peuple algérien, grâce à ce droit désormais acquis, de sauver sa dignité, grâce à son pacifisme et sa résilience à ouvrir une nouvelle page de l’histoire du pays qui a émerveillé les peuples du monde entier». «La LADDH appelle le pouvoir à cesser de considérer le hirak comme une menace, alors qu’il est une chance historique pour le pays, pour un changement apaisé et serein qui sauvegarde l’Etat et le pays», lit-on dans ce communiqué.

Des internaute­s ont même réagi sur la page Facebook du ministère. Le communiqué du départemen­t de Kamel Beldjoud a recueilli près de 2000 commentair­es qui critiquent, en majorité, son contenu.

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Selon des militants politiques, des avocats et des citoyens de divers horizons, le pouvoir tenter de verrouille­r le dernier espace d’expression libre dans le pays

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