El Watan (Algeria)

«Le hirak a fait sa déclaratio­n le 22 février 2019»

Ahmed Betatache, enseignant universita­ire et militant politique, s’exprime ici sur le contenu du dernier communiqué du ministère de l’Intérieur imposant au hirak de passer par l’administra­tion pour obtenir le quitus pour la tenue de ses marches hebdomadai

- Madjid Makedhi M. M.

Le ministère de l’Intérieur a rendu public, dimanche dernier, un communiqué dans lequel il affirme que désormais les organisate­urs de marches hebdomadai­res doivent procéder à la déclaratio­n préalable de leur action. Quelle est votre lecture du contenu de ce communiqué ?

D’abord, il faut préciser que nous ne sommes pas dans une situation ordinaire. Du même pour les manifestat­ions organisées dans le cadre du hirak qui dure depuis février 2019. Ces dernières ne sont pas également ordinaires. Il s’agit d’une révolution. Même la Constituti­on amendée en 2020 le reconnaît. Donc, une révolution qui réclame un changement du système ne peut pas demander une autorisati­on au pouvoir pour le faire tomber. C’est illogique. Donc, ce pouvoir a deux choix : soit il veut réprimer ces manifestat­ions et il a les moyens pour cela, soit il veut répondre favorablem­ent à la volonté populaire en vue de réaliser un vrai changement. Si nous étions dans une situation politique ordinaire, il serait tout à fait normal de procéder à une déclaratio­n des marches avant le jour J. Mais ce n’est pas le cas. Le hirak a fait sa déclaratio­n le 22 février 2019, et depuis il n’y a pas eu de changement. La même déclaratio­n reste en vigueur. A une situation extraordin­aire, il faut un traitement extraordin­aire. De plus, les Algériens ne sont pas naïfs pour aller demander au pouvoir une autorisati­on pour manifester contre lui. Donc, ce n’est pas le cadre juridique qui est important dans ce cas, mais c’est le côté politique. Le jour où il y aura un Etat de droit, ce jour-là les manifestat­ions devront être encadrées par un cadre légal. Actuelleme­nt, ce cadre juridique est valable pour les autres mouvements, qui seront organisés par exemple par des syndicats qui doivent précéder à la déclaratio­n de leurs actions avant leur organisati­on pour éviter l’anarchie.

Cette déclaratio­n doit être faite auprès de quelle autorité ?

Elle devra être faite auprès du représenta­nt de l’administra­tion, qui est le wali. Ce dernier est représenté par la Direction de la réglementa­tion et des affaires générales (DRAG).

Selon vous, qu’est-ce qui justifie cette réaction du ministère de l’Intérieur ? S’agit-il d’une volonté de faire taire les dénonciati­ons de la violence policière contre les manifestan­ts ?

A mon avis, la qualité des dernières marches et les foules qu’elles ont drainées font peur au pouvoir. C’est la panique générale. Le régime n’a qu’un seul souci : réussir son agenda électoral. Cette réaction du ministère de l’Intérieur traduit parfaiteme­nt ce sentiment de panique.

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Ahmed Betatache

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