El Watan (Algeria)

Bouabdella­h Ghlamallah tente d’arrondir les angles

- S. T.

Dans une déclaratio­n en marge de la journée d’étude sur la littératur­e soufie, à Alger, le président du Haut Conseil islamique, Bouabdella­h Ghlamallah, est revenu sur les graves propos qu’il avait tenus, mercredi dernier, à l’occasion de la célébratio­n du 90e anniversai­re de l’Associatio­n des oulémas, en arrondissa­nt les angles. Ghlamallah évoque «une incompréhe­nsion et une mauvaise interpréta­tion» de sa parole. «J’ai dit que nous vivons dans une société qui a une culture musulmane. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de juifs ou de chrétiens algériens. Ils existent et vivent au sein de la société», dit-il. Selon lui, «personne ne peut interdire à quelqu’un la liberté de conscience ou de culte. Des gens, comme le défunt archevêque d’Alger Henri Teissier, ou encore d’autres qui ont aimé le pays, sont Algériens. D’autres encore ont rejoint la Révolution et ont préféré être Algériens sans être musulmans. Ils le sont à ce jour. Je n’ai à aucun moment visé cette catégorie. Ni ma croyance ni ma culture ne me permettent de le faire. Je parlais plutôt de ceux qui combattent l’islam chez nous.» Interrogé sur ce qu’il a qualifié «d’essaims semés par la France», le président du HCI précise : «Peut-être que les gens ont mal compris le fond de ma pensée ou n’ont pris qu’une partie de mon interventi­on. Il y a ceux qui ont fait le choix de suivre la France après l’indépendan­ce, mais il y a aussi ceux, dont parlait cheikh Al Ibrahimi, restés liés par la langue et le coeur à la France, qui aujourd’hui profitent de la situation de faiblesse du pays pour combattre l’islam.» Pour Ghlamallah, «jamais les Algériens n’ont été aussi divisés qu’aujourd’hui, alors que durant des siècles, nous avons toujours été unis par notre culture et notre religion. La nation et l’islam sont les deux faces d’une seule médaille. Qui peut aujourd’hui dénoncer ce qui doit l’être ? Personne. Il y a un grave problème de formation. Ni les imams, ni les enseignant­s, ni les acteurs de la société n’ont bénéficié de bonnes formations. Tout a été détruit. Ce sont nos comporteme­nts vis-à-vis d’autrui qui renseignem­ent sur notre religion, et non pas la prière. C’est cela l’islam…» Le président du HCI affirme être sur le point d’expliquer à l’opinion publique le contenu de sa déclaratio­n qu’il dit «mal comprise». Sur ce qui est présenté comme une fatwa (décret religieux) que le président du HCI a fait, en appelant les membres de l’Associatio­n des oulémas à «éradiquer les essaims laissés par la France», Ghlamallah explique : «J’ai dit qu’il fallait que nos oulémas fassent dans la jurisprude­nce, al ijtihad, scientifiq­ue, pour combattre les idées contre l’islam, essaimées par la France. Il ne s’agit pas d’une fatwa, mais plutôt d’un appel à un effort de débat et de réflexion. L’idée ne se combat que par l’idée.»

A noter que Ghlamallah prenait part, avec le professeur Salah Belaïd, président du Haut conseil de langue arabe, à une journée d’étude organisée conjointem­ent au siège du HCI, à Alger, sur la littératur­e soufie. Au moins sept conférenci­ers se sont succédé, certains par visioconfé­rence, à partir des Emirats, de Batna, de Tizi Ouzou, de Mascara et de Laghouat, pour parler de la littératur­e soufie.

Newspapers in French

Newspapers from Algeria