El Watan (Algeria)

L’espace public squatté

- N. Maouche

Akbou et dans nombre d’agglomérat­ions de la Soummam, le squat des parties latérales de la chaussée, que sont les trottoirs, est intégré depuis fort longtemps dans les (mauvaises) habitudes. Il est même solidement ancré dans les moeurs. Le pauvre piéton est sommé de contourner les éventaires en tous genres et parfois même les véhicules qui obstruent ces espaces, en empruntant la chaussée. A ses risques et périls. Les choses semblent avoir évolué de la tolérance à la permissivi­té, puis à la soumission pure et simple des autorités chargées de régenter et d’organiser ces biens communs. L’activité informelle, dont on n’arrête pas de décrier les effets pervers sur l’économie, règne en maître des céans. Elle a tout accaparé. On opère au grand jour. Au nez et à la barbe de la puissance publique, qui semble avoir d’autres chats à fouetter. «Au lieu de servir pour la circulatio­n piétonne, à la socialisat­ion et à l’épanouisse­ment de la citoyennet­é, les trottoirs sont livrés à l’activité mercantile parallèle, à l’anarchie et à la loi du plus fort», relève, à juste titre, un retraité résidant dans la vieille ville.

Depuis quelque temps, ce squat est monté d’un cran, en empiétant sur la chaussée. Tant qu’à faire ! Cette pratique, aussi singulière qu’incongrue, est l’oeuvre non pas d’agents de la contreband­e, mais de commerçant­s activant dans la légalité. C’est le cas notamment aux abords de la station urbaine de la ville, à proximité du stade communal, dans les rues commerçant­es jouxtant l’hôpital et à hauteur du quartier Arafou.

Par la force des choses et de l’inertie des pouvoirs publics, cette expansion ne manquera sans doute pas de faire des émules et de grignoter d’autres espaces. Des pans de chaussée attenante aux boutiques sont oblitérés par des cartons de marchandis­es, souvent des denrées alimentair­es, périssable­s de surcroît. D’autres disposent des caisses et autres objets hétéroclit­es pour empêcher les véhicules de stationner. On est allé jusqu’à installer des panneaux «réservé à nos clients» dans une entreprise de privatisat­ion qui ne dit pas son nom.

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