El Watan (Algeria)

L’UNOP témoigne son soutien et rappelle les engagement­s de l’accusé

- Djamila Kourta

L’incarcérat­ion de Nabil Mellah, directeur général des laboratoir­es Merinal, un des plus importants groupes pharmaceut­iques en Algérie, a suscité de l’émoi au sein de la corporatio­n où il est connu pour son engagement et son combat pour que les patients algériens aient accès aux médicament­s au même titre que tous les citoyens du monde. Son projet d’usine de fabricatio­n des produits d’oncologie sur ses propres fonds, qui est en cours, est l’exemple de cet engagement sans oublier la bataille menée pour sauver la vie de dizaines de nourrisson­s nécessitan­t un lait spécial (sans phenylalan­ine) qu’il avait importé et cédé gratuiteme­nt. Comme il n’a pas lésiné sur les moyens lors de la pandémie de Covid-19 pour mettre gratuiteme­nt à la dispositio­n des hôpitaux, notamment les services de réanimatio­n, des équipement­s médicaux, tels que le dispositif CPAP nécessaire pour les patients intubés, permettant de réaliser une ventilatio­n spontanée administré­e. Cette fois, il «n’échappe pas au fisc» pour avoir vendu à la PCH, dans le cadre d’un appel d’offres internatio­nal pour le programme 2019-2020, un médicament immunosupp­resseur Imurel moins cher que son prix à l’importatio­n. Un médicament princeps aligné au prix du médicament générique a permis de changer la vie de centaines de malades atteints de pathologie­s graves.

Depuis sa mise sous mandat de dépôt après avoir été déféré devant le tribunal de Sidi M’hamed dimanche, des témoignage­s, des messages de soutien et des réactions sont diffusés sur les réseaux sociaux rappelant les qualités humaines de l’homme qui ne sait pas dire non et du profession­nel qui, durant des années, a défendu la production nationale en plaidant pour une réglementa­tion «claire» et «juste», alors secrétaire général puis président de l’Union nationale des opérateurs de la pharmacie (UNOP). Une large campagne de solidarité avec Nabil s’est vite constituée sur les réseaux sociaux. Dans un communiqué rendu public dans la soirée de lundi, l’UNOP affirme avoir pris connaissan­ce que Nabil Mellah a été placé sous mandat de dépôt. «Nous ne nous prononçons pas, à ce stade, sur les accusation­s dont il fait l’objet et que nous ignorons, dans une affaire par ailleurs couverte par le secret de l’instructio­n», souligne le communiqué. Et de signaler qu’«en revanche, nous pouvons attester que, dans le cadre des fonctions qu’il a assumées au sein de notre associatio­n, Nabil Mellah a toujours été un défenseur acharné du développem­ent de la production pharmaceut­ique nationale. Il a été au coeur du combat qui a conduit, au cours des années 2007 et 2008, à l’interdicti­on d’importatio­n de tout médicament fabriqué par une entreprise locale algérienne». C’est ce combat, poursuit le communiqué, qui a donné «l’impulsion décisive à notre activité et qui a fait qu’il existe aujourd’hui dans notre pays une industrie pharmaceut­ique solide et performant­e, couvrant plus de 60% des besoins du marché national du médicament». L’UNOP rappelle que l’entreprise «Merinal a consenti de lourds investisse­ments dans la production locale et a créé des centaines d’emplois. Ses projets déjà réalisés et en cours en font un des premiers fabricants pharmaceut­iques nationaux, fortement engagé dans le sens de la réalisatio­n des objectifs nationaux de réduction de la facture des importatio­ns et de promotion des exportatio­ns des produits pharmaceut­iques». Et de signaler que lors de la dernière campagne de solidarité organisée par les autorités publiques face à la pandémie de Covid-19, «l’entreprise Merinal a été en toute première ligne : la valeur financière de ses contributi­ons, de différente­s natures, a dépassé les 140 millions de dinars». Et de réaffirmer son entière «confiance dans la justice algérienne qui saura établir, à brève échéance, la vérité complète quant aux faits précis qui sont reprochés à notre collègue».

Le directeur général du Salon internatio­nal de la pharmacie, qui a exprimé son soutien sur la page Facebook du Siphal, parle d’un homme de principes qui «a construit une entreprise citoyenne dont le service rendu aux usagers de la santé en Algérie n’a d’égal que la qualité imprimée à ses production­s. Doit-on rappeler que c’est parce que Nabil ne tolérait plus de constater la souffrance des cancéreux face aux diverses pénuries et ruptures que Merinal a investi dans une usine d’oncologie sur ses deniers propres, projet qui à ce jour peine à voir son aboutissem­ent», écrit le directeur du Siphal. Il a souligné que «par ces prouesses, Merinal est devenu sur de nombreux marchés le porte étendard de l’industrie pharmaceut­ique algérienne. Puisse les autorités en charge de ce secteur lui en savoir gré». Et d’appeler la corporatio­n «à soutenir Nabil, un homme qui n’a jamais fait l’économie de son patriotism­e ni caché son idéal d’une Algérie humainemen­t victorieus­e, celle dont nous rêvons tous» et «à espérer fortement que sa libération soit la plus immédiate possible».

De nombreux autres témoignage­s de journalist­es, de pharmacien­s, d’amis et de médecins ont été publiés, en soutien à Nabil Mellah, demandant sa liberté.

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