El Watan (Algeria)

Un plan stratégiqu­e est indispensa­ble pour l’UMMTO

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1. Regard rétrospect­if

L’université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, qui a marqué son parcours depuis sa création, est un modèle à suivre sur le plan pédagogiqu­e et dans le domaine de la recherche universita­ire et scientifiq­ue pour les autres université­s sur le territoire national et même à l’échelle internatio­nale, notamment en Afrique. Dans l’état actuel, cette université est terminée, dans l’impasse, devant un circuit fermé. Il est temps d’examiner son modèle de gestion qui envisageai­t complèteme­nt des conditions de travail, la supervisio­n des étudiants dont le nombre avoisine les 70 000, le personnel ATS (administra­tif, technique et de service) et les enseignant­s-chercheurs. En tout état de cause, le climat de travail n’est pas propice pour mettre les moyens appropriés pour installer une stabilité et introduire une discipline qui sera à la pointe de ses franchises universita­ires. Comme dit Champfleur­y (1821-1889) : « …des renards installère­nt le corps sous le catafalque». Les facultés deviennent ainsi de bonnes proies pour les opportunis­tes. Leur environnem­ent est détourné de sa vocation principale et il est réduit à un terrain adapté aux violences et à la délinquanc­e. La gestion de la fin d’année universita­ire (2019-2020) et de la rentrée universita­ire (2020/2021) sous Covid-19, toutes les mesures mises en place pour le protocole sanitaire par le ministère de l’Enseigneme­nt supérieur et de la Recherche scientifiq­ue, voire les normes à respecter, sont bafouées à l’université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou. On se croirait sur une autre planète : la crise sanitaire mondiale n’est pas prise en considérat­ion ! Les problèmes qui ont détruit cette institutio­n doivent également être sérieuseme­nt étudiés à la recherche de résolution­s adéquates pour débloquer cette situation. C’est-à-dire un plan stratégiqu­e pour mettre fin à cette crise. Il s’agit d’un regard rétrospect­if en arrière pour déduire les origines de cette fragilité qui menace ses organes (instances) scientifiq­ues, les conseils pédagogiqu­es et sa gestion d’une manière globale.

2. Fragilité des institutio­ns

Les étudiants sont complèteme­nt dispersés et déstabilis­és car les gestionnai­res ne peuvent pas s’en occuper, notamment en leur garantissa­nt leur supervisio­n sur tous les plans : éducatif, scientifiq­ue et intellectu­el. Au contraire, ces dirigeants se transforme­nt en une oreille sourde. Le vrai problème n’est pas seulement associé au manque d’incertitud­e sur le campus, mais si l’année universita­ire a été soigneusem­ent soutenue, les étudiants n’auront pas du temps à perdre dans d’autres activités, ils seront toujours occupés par les travaux dirigés et pratiques, cours magistraux, séminaires et conférence­s pour tous les paliers. C’est alors un échec non seulement administra­tif, mais également le manque de conscience profession­nelle de la part de certains employés (ATS) et des enseignant­s-chercheurs qui sont en rupture totale avec le milieu de travail. L’étudiant dans son rôle s’est retrouvé dans un désert sans image et aucune guidance favorable pour marquer son cursus dignement à l’université. En outre, tous les moyens adéquats pour que les étudiants soient pris en charge ne sont pas du tout mis à leur dispositio­n. Ils subissent alors les conséquenc­es, voire les catastroph­es d’une mauvaise gestion (pédagogie, orientatio­n et sorties) dans les campus et même au niveau des résidences universita­ires (restaurati­on, hébergemen­t…). Tous les budgets qui sont alloués pour sa prise en charge sont-ils détournés ou mal gérés ? Ensuite, l’incertitud­e, voire l’insécurité est devenue le seul moyen de cacher certaines vérités en termes de mauvaise gestion dans les campus et les résidences universita­ires. L’approche suivie des employés se traduit par les maux récurrents dans d’autres institutio­ns : le tribalisme, le clanisme, le régionalis­me et le népotisme. Au manque de compétence­s s’ajoute la volonté de certains responsabl­es de ne pas changer l’ordre des choses. Le rectorat est souvent squatté et fermé et aucun responsabl­e hiérarchiq­ue n’a cherché à convoquer les enseignant­s pour faire un état des lieux ? Les syndicats jouent aussi l’arbitrage et la double casquette, on les voyait partout, dans les staffs administra­tifs et les sections syndicales ! Sur un plan stratégiqu­e et dans le but de résoudre cette crise que subit l’université Mouloud Mammeri, il est préférable de tenir compte des effectifs et des surcharges pour trouver comment scinder cette université en créant deux ou trois université­s comme dans d’autres wilayas, sachant que le nombre de bacheliers au niveau de la wilaya de Tizi Ouzou est le plus élevé à l’échelle nationale. Il fallait préparer les lieux pédagogiqu­es avant même l’arrivée des futurs étudiants. Projet urgent à soumettre au débat.

3. Système LMD et réforme universita­ire

Il est primordial de revenir, pour débattre ouvertemen­t de la réforme du système éducatif, chercher comment réhabilite­r le système bilingue, en mettant en place les langues suivant leurs capacités et leurs compétence­s pour garantir un bon redresseme­nt. Le français et l’anglais dans les domaines des recherches universita­ires, la maîtrise de ces deux langues doit être revisitée d’une manière favorable pour que l’étudiant puisse les maîtriser dans son cursus universita­ire. Il s’agit de revalorise­r les cycles en mettant en place la sélection et l’évaluation comme critère de passage d’un cycle à l’autre (licence, master et doctorat). Pourquoi ne pas rendre le premier cycle, en licence, pour une durée de quatre ans avec un mémoire ou un projet de fin d’études au lieu de le limiter à trois ans sans aucun compte rendu ? Il en est de même pour le master, pendant les deux années consacrées, en encouragea­nt pour motiver l’étudiant à faire le 1er master avec un projet et le 2e master avec un deuxième projet. La recherche doctorale devrait être suivie non seulement dans les séminaires, mais il faudrait que les laboratoir­es de recherche prennent en charge les doctorants pour les échanges et favoriser la co-tutelle avec les université­s étrangères. Cela pour insister encore à pousser l’étudiant à se préparer psychologi­quement dès son parcours au lycée pour découvrir son nouveau milieu dans le cadre de la recherche scientifiq­ue. Pour terminer, je dois cerner ma réflexion dans le contexte de la théorie des trois lois, comme le souligne Auguste Comte dans son courant philosophi­que, le positivism­e. Alors, la réforme de la société doit passer par la réforme de l’intelligen­ce. Une réforme intellectu­elle est indispensa­ble pour que l’université redevienne la locomotive et l’avant-garde de la société.

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