Palestine trahie
D’une partialité flagrante et révoltante à propos de la question palestinienne complexifiée, une partie des médias occidentaux donne de la voix, face au déferlement de violence israélienne, relayée, abondamment, dans l’indifférence onusienne, peu encline à appliquer ses décisions, mais qui essaie, dans la fournaise, de sauver la face, en jouant les équilibristes. Le fragile équilibre a fini, hélas, par voler en éclats. Et que propose une partie de la presse occidentale ? Au lieu de se conformer à l’éthique et à la déontologie, au nom de «la nation des droits de l’homme» qu’ils brandissent à tout bout de champ, ces médias se rangent carrément du côté de l’injustice, en victimisant l’agresseur, feignant d’ignorer le déluge de feu qui s’abat sur Ghaza, faisant peu de cas des dizaines de morts palestiniens civils innocents, dont des enfants. Les augures y voient dans cette confrontation inégale et disproportionnée, à Dieu ne plaise, les prémices d’une guerre. Car l’incendie a touché même les Palestiniens spoliés de l’intérieur, qui cohabitent avec les colons, soumis à un apartheid qui ne dit pas son nom, à travers une discrimination institutionnalisée. Emboîtant le pas à leurs frères, «les Israéliens arabes», plutôt les Palestiniens de Cisjordanie, se sont aussi insurgés. Et il y a même l’un d’eux, qui a été atrocement lynché. Les journalistes préfèrent mettre en sourdine ce fait ignoble, cette barbarie, en axant sur les avancées d’une «démocratie exemplaire, au coeur d’un environnement hostile». Un aveuglement, inouï, enrobé d’angélisme. Cette sacro-sainte communication, de connivence, est, à tous points de vue, mortelle. Elle jette de l’huile sur le feu dans un brasier déjà compliqué. Pourtant, depuis des années, que de «sommets» ont été tenus. Que de fois, le carillon sempiternel d’une paix acceptée, et d’un principe de deux Etats envisagé. Mais chaque fois, c’est une fausse couche. En tout cas, les révoltes des Palestiniens viennent périodiquement sonner le glas de cette illusion, et rappeler l’inanité des résolutions onusiennes. La colère palestinienne a été également exacerbée par les promesses et l’engagement de l’Autorité palestinienne, jamais tenus. Surtout ceux de ne pas négocier, tant que la colonisation continuerait, mais qui négocie quand même, directement, alors que Mahmoud Abbas avait assuré qu’il le ferait indirectement. Ces larges compromis et son refus, récemment, de tenir les élections ont exaspéré ses congénères, qui vivent dans des conditions extrêmement contraignantes. Sans compter la crise sanitaire. Ces négociations n’ont jamais rien donné. Au contraire, la colonisation s’est poursuivie et s’est consolidée, puisque désormais, selon la loi promulguée en 2018, «Israël est le foyer national de l’Etat juif», selon lequel le droit des réfugiés à revenir sur leurs terres relève dorénavant de l’impossible. De fait, il n’y a pas de solution juste pour la Cisjordanie et Ghaza. Car, au lieu d’un Etat palestinien, on a vu fleurir des centaines de colonies israéliennes devenues, à leur tour, un Etat dans l’Etat, comme l’a souligné un journaliste ghazaoui. Dans cette atmosphère de poudre, qui a commencé à la mosquée Al Aqsa. Ni les Etats arabes avec leur ligue croupion ni le «commandeur des croyants» Mohammed VI, président de la commission Al Qods, chargé de veiller sur les lieux saints musulmans de la ville, n’ont bougé le petit doigt, laissant les sionistes agir à leur guise, se débarrassant des dernières épines pour aller exhiber leurs muscles ailleurs, rêvant toujours de leur projet d’expansion. Le titre de cet édito renvoie à l’oeuvre magistrale de Kateb Yacine, qui avait dénoncé, il y a plusieurs années, la lâche posture des pays arabes vis-à-vis de cette question.