El Watan (Algeria)

Auditions au pas de charge et tribunaux débordés

L Les interpella­tions opérées lors des marches réprimées de ce 117e vendredi ont touché plus de 1000 personnes dans 25 wilayas, dont plus de 300 à Alger.

- M. B.

Les tribunaux de plusieurs villes du pays ont vu défiler hier de nombreux citoyens arrêtés vendredi dernier après l’empêchemen­t musclé des manifestat­ions du hirak populaire. Selon le militant Zaki Hannache, les interpella­tions opérées lors des marches réprimées de ce 117e vendredi ont touché plus de 1000 personnes dans 25 wilayas, dont plus de 300 à Alger. Toujours d’après le bilan des arrestatio­ns établi par Zaki Hannache et publié sur sa page Facebook, il y a eu pas moins de 90 manifestan­ts issus de 8 wilayas qui ont été placés en garde à vue ce vendredi 14 mai. Ces hirakistes ont été présentés hier devant le procureur de la République dans différente­s juridictio­ns.

A Alger, le tribunal de Sidi M’hamed et celui de Bab El Oued (domicilié à Baïnem) ont eu à traiter les affaires de quelque 48 personnes à eux deux. D’après le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), 13 personnes ont été présentées hier devant le procureur de la République près le tribunal de Sidi M’hamed, qui ont ensuite été jugées en comparutio­n immédiate. Le CNLD précise que ces affaires sont réparties sur trois dossiers. Le Comité ajoute que les griefs retenus contre les prévenus, selon les dossiers, sont : «attroupeme­nt non armé» ; «rébellion» ; «trouble à l’ordre public» et «violation des dispositio­ns sanitaires relatives à la Covid-19».

Le tribunal de Bab El Oued a eu à traiter, quant à lui, 35 affaires. Parmi les personnes présentées devant ce tribunal : le militant du MDS Ouahid Benhalla et les étudiants Imili Imane Abdelli et Abderrahma­ne Djaber Righi. Les 35 personnes déférées devant le procureur ont été ensuite jugées, elles aussi, en comparutio­n immédiate. Le CNLD précise que les chefs d’inculpatio­n retenus contre ces manifestan­ts qui, pour la plupart, ont été arrêtés à Bab El Oued, sont : «attroupeme­nt non armé ; «incitation à attroupeme­nt non armé» ; «atteinte à l’intégrité du territoire national et à l’unité nationale» ; diffusion de publicatio­ns pouvant porter atteinte à l’intérêt national». Il importe toutefois de noter là encore que ces charges varient selon chaque prévenu.

Dans les autres wilayas, les tribunaux ont connu un afflux de militants et d’activistes interpellé­s au deuxième jour de l’Aïd eux aussi, et présentés devant le parquet. D’après les informatio­ns recueillie­s par le CNLD, 24 personnes ont été présentées hier en comparutio­n immédiate devant le tribunal correction­nel de Sétif. Il s’agit de manifestan­ts arrêtés vendredi dernier et placés en garde à vue. En tout, pas moins de 120 personnes ont été interpellé­es à Sétif lors des marches réprimées du hirak. La même source indique que 13 manifestan­ts ont également été déférés devant la justice en comparutio­n immédiate à Bordj Bou Arréridj. A Constantin­e, l’éminent professeur Djamel Mimouni, astrophysi­cien de renom, a été remis en liberté et néanmoins placé sous contrôle judiciaire. En outre, on apprend qu’un manifestan­t arrêté vendredi dans cette même ville, Saâd Guetteche, a été placé sous mandat de dépôt et son procès est renvoyé pour le 23 mai.

A Annaba, la garde à vue des citoyens Berzak Omar et Achraf Mouissi a été prolongée de 24 heures, rapporte Zaki Hannache, tandis que celle d’un troisième manifestan­t, Hacène Aouadi, a été prolongée de 48 heures.

Il convient de souligner que jusqu’en fin de journée d’hier, les verdicts dans les affaires jugées en comparutio­n immédiate n’étaient pas encore tombés.

Retenons, cependant, que le parquet a requis des peines d’emprisonne­ment et des amendes à l’encontre de nombreux hirakistes. Nous y reviendron­s.

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