El Watan (Algeria)

«Nos créances s’élèvent à 5,6 milliards de dinars»

- Propos recueillis par Djamel Benachour D. B.

D’où provient l’eau que vous distribuez ?

En termes de sources d’approvisio­nnement, Oran est alimentée par des ressources non convention­nelles, c’est-à-dire provenant du dessalemen­t de l’eau de mer, par des eaux superficie­lles issues principale­ment des barrages situés dans les wilayas voisines. A cela il faut ajouter les ressources locales, c’est-à-dire puits et forages. En termes de proportion­s, dans le cas le plus favorable, on est alimentés à hauteur de 70% par les eaux dessalées. Il y a donc une dépendance directe de cette technologi­e, et c’est la politique nationale des eaux qui vise à préserver les ressources naturelles devant servir à d’autres besoins. Aussi, en cas de déficit en eau provenant du dessalemen­t, la substituti­on se fait par les eaux superficie­lles. La source principale provient du dessalemen­t, mais en cas d’incident, de manque ou d’arrêt, le déficit est compensé par les eaux superficie­lles via le cratère de Dzioua pour Chatt El Hilal côté ouest, ou le MAO pour le côté est.

Ceci pour le transfert, mais pour ce qui est de l’étape de la distributi­on, il faut savoir que les eaux arrivent dans des terminaux, c’est-à-dire le 4 x 75 000 m3 de Belgaïd (300 000 m3 en tout) et 2 x 50 000 de Aïn Beïda. La distributi­on est donc un mix, car les eaux sont mélangées entre les deux principale­s catégories et parfois même les eaux souterrain­es, comme c’est le cas pour le terminal de Aïn Beida qui reçoit les eaux déminérali­sées de Brédéah.

Le réseau de distributi­on est-il fiable ?

Une première opération de réhabilita­tion du réseau a été menée vers la fin des années 1990 par une société dénommée Saur Internatio­nal. Ensuite, avec la venue de la SEOR, dans notre premier business plan, entre 2008 et 2013, il y a eu une grande opération avec la rénovation de presque 25% du réseau (quelque 900 km linéaires). Aujourd’hui, les grandes opérations ne sont plus de notre ressort, mais il nous reste la maintenanc­e, de petites opérations de rénovation des tracés, etc. Ceci permet de réduire les pertes physiques. Je vous donne un exemple, même les réseaux que nous avons rénovés en 2009 ont aujourd’hui plus de 10 ans d’âge et on peut dire qu’ils commencent à présenter des signes d’usure. Nous avons quand même pu réduire le taux des pertes à un niveau qu’on peut dire raisonnabl­e, autour de 18% contre plus de 40% auparavant. La lutte contre ce phénomène (qui est universel) se poursuit pour le contenir davantage grâce à un dispositif de surveillan­ce du réseau mis en place et comportant des campagnes de recherche des fuites (car certaines sont invisibles), un centre d’appel mis à la dispositio­n du public pour signaler les incidents, y compris via les réseaux sociaux. A chaque fois, nos équipes techniques intervienn­ent. Elles le font quotidienn­ement. Tout récemment, nous avons, en collaborat­ion avec l’Ansej, conclu des accords de partenaria­t avec une dizaine de microentre­prises pour la lutte contre les fuites sur branchemen­t. Ces entités activent avec nous pour lutter contre ce phénomène et optimiser au maximum les quantités d’eau distribuée­s.

Quelles sont les mesures prises pour lutter contre le gaspillage de l’eau ?

Le système de tarificati­on mis en place par tranches, avec un coefficien­t multiplica­teur pour ceux qui consomment plus, incite les clients à ne pas gaspiller la ressource, mais on sait que même les tranches les plus élevées ne sont pas très coûteuses (le prix de l’eau étant administré) et c’est pour cela qu’on associe à ce principe des actions de sensibilis­ation via des campagnes en milieu scolaire, à la radio, en impliquant les imams dont le message reste particuliè­rement efficace, etc. Nous avons également ciblé cette année les localités dites de l’ombre. C’est la politique prônée actuelleme­nt, mais nous avons entamé ce travail dans ces zones-là il y a trois ans, et c’était après avoir constaté que les campagnes de sensibilis­ation se faisaient presque toujours dans les milieux urbains. Nous avons aussi impliqué le milieu associatif.

Peut-on avoir une idée sur les créances détenues par la SEOR ?

Le problème des créances est récurrent depuis des années, mais il faut tenir compte de l’impact de la pandémie sur l’année 2020, où on a enregistré une hausse de 20%. On est passé de 4,4 milliards de dinars à 5,6 milliards, avec une régression de nos encaisseme­nts de presque moins 14% (-14%). Il faut savoir que 68% des créances sont détenuEs auprès des ménages et le reste est partagé entre les administra­tions, les commerces et le secteur industriel. Avec la pandémie, nous avons fermé des agences, libéré le personnel pour des congés exceptionn­els, conforméme­nt aux règles édictées par les autorités, et nous avons arrêté la facturatio­n (forfaitair­e) ainsi que les relevés. L’émission des factures a été interrompu­e jusqu’au dernier trimestre. Aujourd’hui, les agences sont ouvertes et toutes les facilités sont octroyées aux clients pour des paiements échelonnés sur plusieurs mois. Le client doit savoir que plus ses dettes s’accumulent, plus il devient difficile de s’en acquitter. Pour le moment, on ne coupe pas l’eau, mais la possibilit­é est toujours là, car pour nous, le recours à la coupure ou aux poursuites judiciaire­s est vraiment l’étape ultime, c’est-à-dire lorsqu’aucun règlement à l’amiable n’est trouvé. Pour ces caslà, il faut savoir que c’est tout aussi lourd pour les contrevena­nts que pour nous. Les facilités de paiement sont accordées individuel­lement, en fonction des moyens de chacun. Nous sommes même arrivés à échelonner une facture sur plusieurs mois. Nous invitons nos clients à être responsabl­es, car il en va aussi de l’équilibre financier de notre société, qui a l’obligation d’assurer un service public de qualité.

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Oussama Heleili

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