Dans la Silicon Valley, les GAFA buguent sur les syndicats
Une première organisation s’est créée à Google, sur fond de problèmes éthiques. Une révolution qui inquiète la tech californienne, où le silence règne. C’est une grande première pour une entreprise de la Silicon Valley, berceau de l’innovation et du libéralisme à la sauce numérique. Le 4 janvier dernier, plusieurs centaines de salariés de Google ont lancé le premier syndicat local, Alphabet Workers Union, du nom de la maison mère du moteur de recherche. L’élément déclencheur est le licenciement d’une chercheuse noire, Timnit Gebru, fondatrice du groupe Black in AI et employée à réfléchir aux questions d’éthique liées à l’intelligence artificielle. Sa faute ? S’être plainte dans un groupe interne que «Google réduise au silence les voix marginalisées». L’entreprise avait déjà évité la création d’un syndicat en 2019, utilisant même un cabinet de consulting pour la contrer. «La nouveauté de cette crise sociale, c’est qu’elle vise de vraies boîtes tech comme Google, où la majorité des salariés sont des cols blancs, cadres, ingénieurs, des profils rares» , décrypte un ex-salarié. Ceux qui se décident à parler, malgré la culture du silence, légitiment la situation. «Il n’y a pas de culture syndicale dans ces entreprises, car elles offrent un salaire élevé, des avantages, de bonnes conditions de travail. On attend beaucoup de toi en retour, que tu ne comptes pas tes heures, que tu répondes aux mails le soir sans hurler au harcèlement», raconte un autre ancien salarié, qui se dit ravi de ses années stimulantes chez le géant du numérique. «Google est synonyme de carrière accélérée. En France, la tech est un petit milieu où tout se sait. Se syndiquer ou parler sera mal perçu», ajoute une autre.