El Watan (Algeria)

Les Pays-Bas face à leur passé colonial

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Des fers à entraver les chevilles d’un esclave aux côtés du portrait d’un couple de notables amstelloda­mois enrichi grâce à l’esclavage : une exposition inédite consacrée au passé colonial des Pays-Bas s’ouvre mardi à Amsterdam.

L’exposition du Rijksmuseu­m raconte l’histoire de dix personnes, dont des esclaves et des propriétai­res de plantation­s, faisant la lumière sur le rôle des Pays-Bas dans l’esclavage dans les Caraïbes, au Brésil, en Asie et en Afrique du Sud. Le musée souhaite rouvrir le débat aux Pays-Bas, qui ne se sont jamais formelleme­nt excusés pour leur rôle dans la traite des esclaves, même si le mouvement Black Lives Matter semble avoir fait bouger les lignes.

déclare auprès de l’AFP Valika Smeulders, qui dirige le départemen­t d’histoire du Rijksmuseu­m. réouvertur­e des musées fermés à cause de la pandémie.

L’une des histoires racontées est celle de Wally, un esclave de la plantation Palmenerib­o au Suriname, brûlé vif pour avoir participé à une révolte en 1707. Des peintures représenta­nt des esclaves de la plantation sont accompagné­es par un manuscrit détaillant son interrogat­oire par les propriétai­res. Toutes les histoires sont accompagné­es d’un audioguide avec la voix d’une personne ayant un lien avec le récit. L’histoire de Wally, par exemple, est racontée par l’ancien champion du monde de kick-boxing Remy Bonjasky, Néerlandai­s d’origine surinamais­e, dont les ancêtres se seraient échappés de la plantation au cours de la même révolte. L’exposition présente également le double portrait d’un couple de notables amstelloda­mois peint en 1634 par le maître néerlandai­s Rembrandt. Les tableaux illustrent la cruauté de l’époque : Marten Soolmans et Oopjen Coppit se sont enrichis grâce à l’esclavage. La famille de Soolmans a fait fortune dans une raffinerie de sucre approvisio­nnée par des plantation­s au Brésil. Après sa mort, Oopjen s’est remariée avec un homme qui avait auparavant gardé des esclaves au Brésil. à l’AFP, fait apparaître des contrastes déconcerta­nts entre art et atrocité, coups de pinceau et fers à marquer. Ce qui a longtemps été considéré comme un collier de chien doré dans la collection du musée était peut-être en fait un collier d’esclave. Sur certains tableaux, on distingue, à y regarder de plus près, des esclaves dans des maisons, dissimulés dans les ombres derrière de riches notables. A l’apogée de leur empire colonial, les Provinces-Unies - aujourd’hui les Pays-Bas - possédaien­t sept colonies dans les Caraïbes dont le Suriname et Curaçao, en Afrique du Sud, ainsi que dans l’actuelle Indonésie, fief au XVIIe siècle de la Compagnie néerlandai­se des Indes Orientales. Ce pan de l’histoire est bien connu de la population néerlandai­se, mais les liens avec l’esclavage sont restés méconnus.

Smeulders.

ajoute-t-elle. Le Rijksmuseu­m a décidé d’ajouter des informatio­ns supplément­aires à 80 objets de sa collection permanente pour

Le moment est venu pour le musée de contribuer au débat, estime Mme Smeulders, qui s’autorise une autocritiq­ue :

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Les Pays-Bas veulent exorciser les fantômes de leur passé colonial

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