Le grand déballage qui secoue Bolsonaro au Sénat
Depuis trois semaines, une commission d’enquête du Sénat brésilien donne lieu à un grand déballage tendu, avec des témoignages accablants sur l’irresponsabilité du gouvernement de Jair Bolsonaro face à la crise du coronavirus et ses près de 445 000 morts. Les lettres «CPI», initiales de «commission d’enquête parlementaire» en portugais, s’affichent quotidiennement en une des journaux, et les chaînes de télévision diffusent des heures durant les auditions. Depuis son installation, la CPI a déjà livré un spectacle haut en couleur, avec insultes, prises de bec, menaces d’arrestation. Et même un bref malaise d’un ex-ministre de la Santé. Les Brésiliens, souvent médusés, voient défiler chaque jour des anciens ministres ou membres actuels du gouvernement sommés de répondre aux questions de sénateurs qui tentent de comprendre la raison d’une telle hécatombe. Sans le déni du président Jair Bolsonaro face à l’ampleur de la crise sanitaire et son mépris des règles de distanciation physique,
a accusé à plusieurs reprises Randolfe Rodrigues, vice-président de la commission. Refus d’offres de vaccins de Pfizer, achats en masse de médicaments inefficaces contre le virus, inaction face à une tragique pénurie d’oxygène à Manaus (nord) : les accusations pleuvent et les personnalités auditionnées doivent relater leurs moindres faits et gestes depuis le début de la pandémie. «Le gouvernement est dans les cordes. Chaque jour, il y a de nouvelles révélations et l’étau se resserre, notamment autour de
Bolsonaro, dont la responsabilité est de plus en plus mise en évidence», dit à l’AFP Geraldo Monteiro, politologue à l’Université de l’Etat de Rio de Janeiro (UERJ).
a estimé le quotidien dans un éditorial. Installée fin avril pour une durée de 90 jours renouvelable, la commission va soumettre à la fin de ses travaux un rapport au parquet, qui pourra éventuellement engager des poursuites. Et le choix d’un rapporteur très déterminé, Renan Calheiros, un cacique du Sénat, n’est pas du goût du chef de l’Etat. Le 12 mai, lors d’une des auditions les plus tendues de la CPI, son fils aîné Flavio Bolsonaro, lui aussi sénateur, a traité M. Calheiros de
avait lancé le lendemain le président, dont l’audition n’est pas prévue. La CPI ne peut pas conduire directement à la destitution du président, mais son rapport peut fournir des arguments pour que la procédure soit lancée par le président de la Chambre des députés. C’est ce qui s’était produit en 1992, lors de la destitution du président Fernando Collor de Mello. Une issue juge Geraldo Monteiro.
résume-t-il.
a lancé ainsi la sénatrice Katia Abreu à l’ancien ministre des Affaires étrangères Ernesto Araujo. La tension est d’autant plus palpable que les témoins auditionnés risquent la prison en cas de mensonge devant la CPI. Ainsi, le 12 mai, Fabio Wajngarten, ancien responsable de la communication de la présidence, a eu des sueurs froides. Plusieurs sénateurs ont menacé de demander son arrestation, avant d’en être dissuadés par le président de la commission, Omar Aziz. Mais les hostilités n’ont pas empêché le sénateur d’opposition Otto Alencar, médecin de formation, d’aller secourir l’ex-ministre de la Santé Eduardo Pazuello, victime d’un léger malaise mercredi soir, après sa première journée d’audition.
Deux sociétés détenues par un puissant homme d’affaires noir ont intenté une action en justice aux Etats-Unis contre McDonald’s, l’accusant de discriminer les entreprises contrôlées par des Afro-Américains dans ses dépenses publicitaires, et lui réclamant 10 milliards de dollars de dommages et intérêts. Cette requête a été déposée devant un tribunal de Californie par Entertainment Studios Networks et Weather Group, détenues par l’homme d’affaires Byron Allen, qui milite pour que les grands groupes achètent plus de publicités dans les médias afro-américains. Le groupe Allen Media/Entertainment Studios produit des films et possède plus d’une dizaine de chaînes de télévision aux Etats-Unis. Le demandeur soutient que le groupe de restauration rapide a dépensé environ 1,6 milliard de dollars en publicités télévisées aux Etats-Unis en 2019, mais que seulement 0,31% de cette somme est allée à des médias contrôlés par des Afro-Américains.