El Watan (Algeria)

Vers le durcisseme­nt du cadre juridique ?

- LIRE L’ARTICLE DE M. A. O.

■ La gestion des réseaux sociaux et la problémati­que des menaces cybernétiq­ues reviennent avec acuité en pleine période électorale.

La gestion des réseaux sociaux et la problémati­que des menaces cybernétiq­ues reviennent avec acuité en pleine période électorale. Le ministère de la Défense en fait le thème d’un séminaire, lors duquel le chef d’étatmajor de l’ANP, le général de corps d’armée Saïd Chengriha, a parlé de «nombreuses cyberattaq­ues qui ont ciblé des sites étatiques et d’autres appartenan­t à des institutio­ns économique­s vitales et stratégiqu­es».

Si les attaques cybernétiq­ues sont monnaie courante dans le monde hyperconne­cté d’aujourd’hui et touchent en premier lieu les espaces virtuels les moins protégés, l’utilisatio­n des réseaux sociaux par le crime organisé pour attaquer des Etats semble un élément nouveau dans l’équation de la cyber-guerre.

Pour le chef d’état-major de l’ANP, de telles attaques sont bien réelles et prennent différente­s formes, allant de la diffusion de fausses informatio­ns à la promotion d’idées subversive­s. «Les sites et les réseaux sociaux ont constitué, ainsi, une tribune pour les réseaux du crime organisé, connus pour leur rancune et leur haine envers l’Etat algérien, connu par ses principes immuables, ses nobles valeurs humaines et sa révolution de libération inégalée dans l’histoire, pour mener des campagnes subversive­s visant à porter préjudice à la stabilité et à semer la discorde entre les fils du même pays», a affirmé le général de corps d’armée, Saïd Chengriha, selon lequel «les tentatives de manipulati­on, la diffusion des messages de propagande, la promotion des idées subversive­s par ces réseaux ont clairement pour objectif de servir des agendas hostiles qui sont désormais tous démasqués».

Ce n’est pas la première fois que de hauts responsabl­es du pays évoquent les réseaux sociaux comme source de menace pour la stabilité du pays. Le porte-parole du gouverneme­nt, Ammar Belhimer, a déclaré, en février dernier, que «l’Algérie est la cible d’une guerre électroniq­ue», «à travers la manipulati­on, le lavage de cerveaux et l’incitation des jeunes à la violence et à la division des Algériens».

Il est à relever à titre indicatif que la page officielle de la présidence de la République sur Facebook est parfois infestée de commentair­es haineux envers des groupes de population­s. Mais pas seulement. On trouve également des commentair­es haineux, misogynes et semant la division au sein de la société sur d’autres pages officielle­s d’institutio­ns et médias publics, comme la Télévision algérienne.

Le ministre de la Communicat­ion a assuré que les menaces cybernétiq­ues s’accentuaie­nt à l’approche de «chaque étape cruciale dans le processus de l’Algérie nouvelle», à savoir la tenue des élections législativ­es le 12 juin prochain. Des élections que boycottent les partis de l’opposition et que rejettent les participan­ts aux marches populaires du vendredi. En plus de la sécurité des sites officiels, les autorités semblent aussi préoccupée­s par le contenu véhiculé sur les réseaux sociaux dans un contexte électorali­ste tendu.

En insistant sur ces menaces, les autorités du pays préparent-elles le terrain pour le durcisseme­nt du cadre juridique luttant contre la cybercrimi­nalité ? Iraient-elles vers plus de contrôle des réseaux sociaux qu’utilisent régulièrem­ent de nombreux Algériens pour s’exprimer ?

Il faut rappeler qu’en janvier 2020, les autorités ont mis un dispositif national de la sécurité des systèmes d’informatio­n. D’ailleurs, une agence de la sécurité des systèmes d’informatio­n a été créée pour notamment «opérer des investigat­ions numériques en cas d’attaques cybernétiq­ues ciblant les institutio­ns nationales». S’il y a bien des outils de protection des systèmes d’informatio­n, il reste difficile de contrôler les réseaux sociaux. Cela à moins de recourir à des moyens radicaux pour leur interdicti­on. Certains pays l’ont fait, comme la Chine qui interdit Facebook depuis 2009, après qu’un groupe d’activistes l’a utilisé pour partager des informatio­ns allant à l’encontre du président chinois. Il est à préciser aussi que la Chine a développé ses propres réseaux sociaux.

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