El Watan (Algeria)

TESTS DE DÉPISTAGE COVID : LE FLÉAU DES FAUSSES ATTESTATIO­NS

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Avant de se lancer, Maxime s’est assuré que la parade fonctionna­it. «Franchemen­t, ils ont à peine

regardé», le tranquilli­se, début avril, son demi-frère, une fois dans l’avion. L’ingénieur en informatiq­ue n’hésite plus. Il se met au travail, intègre dans une applicatio­n payante l’un de ses anciens tests négatifs, dont il change la date. Quelques détails, une dernière relecture, et le tour est joué. «En dix minutes, j’avais fait un

faux», raconte-t-il, détendu. C’est qu’entre les labos fermés le dimanche, le lundi férié, il n’a pu faire son test que 24 heures avant son voyage en Corse. Et s’il n’arrivait pas à temps ? Depuis, Maxime a «dépanné» cinq proches, de sa belle-mère à sa bande de copains. Pour leur voyage à Santorin dans quinze jours, chacun aura son certificat fait maison. «Je pense que c’est assez banal. Dans mon entourage, des Parisiens qui habitent à Londres en font chaque week-end lorsqu’ils rentrent pour éviter de payer 100 livres (115 euros), le prix d’un test PCR là-bas.» En présentant son certificat truqué à l’hôtesse de l’air, l’ingénieur se montrera «le plus naturel possible», exactement comme lorsqu’il va à la piscine avec une ordonnance bidon. Pas besoin de logiciels perfection­nés : les vieux tests sont falsifiés avec un filtre sur Instagram ou avec un simple traitement de texte comme Word. C’est ce qu’a fait Mathieu (le prénom a été changé). «J’en avais besoin pour me faire opérer à l’hôpital et c’est passé nickel»,

témoigne ce chef d’entreprise.

«On a mis à dispositio­n des tests gratuits, rendus dans la plupart des cas en moins de 12 heures et malgré tout, certains prennent le risque de diffuser le virus. Quelle

frustratio­n ! », déplore François Blanchecot­te, le président du Syndicat national des biologiste­s. Le problème est loin d’être nouveau.

En octobre déjà, alors que les labos étaient saturés, les compagnies aériennes s’étonnaient d’un drôle de manège au comptoir. Des passagers refoulés faute de dépistage se représenta­ient une heure plus tard avec un test à la main. Comment était-ce possible ? «On s’est rendu compte qu’un trafic s’était mis en place dans les aérogares, une équipe vendait des faux pour 200 euros à des voyageurs paniqués», explique Julien Gentile, directeur de la police aux frontières de Roissy-Charles-de-Gaulle et du Bourget.

Après son démantèlem­ent, ce trafic ne serait plus réapparu.

Mais combien sont-ils à passer, chaque jour, avec un test bidouillé en quelques clics ? «Le chiffre réel, personne ne le connaît,

admet le commissair­e. On ne

peut pas détecter ces contrefaço­ns, excepté lorsqu’elles sont grossières.»

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