El Watan (Algeria)

«Le dispositif de contrôle aux frontières est dissuasif et très coûteux»

- Entretien réalisé par Nabila Amir N. A.

L’Algérie a décidé de rouvrir partiellem­ent ses frontières aériennes à partir du 1er juin. Le Premier ministre a dévoilé ce lundi les conditions d’entrée et de sortie ainsi que le protocole sanitaire à appliquer. Que pensezvous de cette organisati­on ?

C’est une organisati­on mal réfléchie. Elle ne repose sur aucune stratégie palpable. Pourtant, l’Algérie aurait pu profiter des expérience­s des autres pays, qui ont su mettre des systèmes efficaces pour la réouvertur­e de leurs frontières fermées en raison de la pandémie de Covid-19. On peut citer le cas des pays voisins, qui ont mis en place, il y a des mois, un dispositif de contrôle sévère mais acceptable, qui garantit la libre circulatio­n de leurs ressortiss­ants sous réserve d’un test PCR négatif et d’un auto-confinemen­t.

Chez nous, la réouvertur­e des frontières s’imposait. Il fallait le faire. Nous n’avons pas le choix. Le dispositif mis en place pour cette réouvertur­e est beaucoup plus politico-administra­tif que scientifiq­ue.

Les conditions d’entrée et de sortie et le protocole sanitaire arrêté nous laissent perplexes.

Nous n’avons pas fait le bon choix en matière de réouvertur­e des frontières.

Nous sommes pour la réouvertur­e, mais sous réserve de conditions sanitaires acceptable­s.

Ce dispositif est découragea­nt, dissuasif et surtout très coûteux.

Estimez-vous que ces mesures soient exagérées ?

Ce sont des mesures trop contraigna­ntes et onéreuses. Un billet d’avion à partir de Paris est à 800 euros. Comment justifier ce tarif ? Ce n’est pas normal. Ce n’est pas en ruinant l’Algérien, qui n’a pas vu sa famille pendant plusieurs mois, que la compagnie Air Algérie va se ressaisir ou récupérer ce qu’elle a perdu durant deux ans !

En plus du prix du billet d’avion, le voyageur doit faire un test RT-PCR, il doit payer à l’avance des frais inhérents au confinemen­t, ceux du test de Covid-19 à l’arrivée en plus du confinemen­t obligatoir­e de 5 jours dans un hôtel. Nous comprenons le souci des autorités de mettre en place un dispositif pour empêcher l’entrée sur le territoire du virus et de ses variants.

Tous les pays mettent en place un dispositif au niveau des frontières. On permet aux hommes d’affaires, aux artistes et aux sportifs de se déplacer, sans leur imposer un confinemen­t ni autant de tests à réaliser, alors qu’ils sont les plus exposés à la contaminat­ion. On exige juste un test PCR aux footballeu­rs qui participen­t à des regroupeme­nts et aux artistes qui animent des conférence­s. Mais on exige une panoplie de tests aux autres voyageurs. C’est illogique. Nous assistons à des rassemblem­ents, regroupeme­nts et réunions de proximité durant cette campagne électorale, où les mesures barrières ne sont pas du tout respectées. Il y a une multitude de contradict­ions dans la décision du gouverneme­nt.

Le gouverneme­nt devrait-il revoir sa copie ?

Tout à fait. Tout le monde sait qu’il y a des personnes qui partent et viennent et qu’il y en a d’autres qui sont bloquées depuis plusieurs mois ! Ce dispositif est trop sévère. Les autorités devrait l’alléger si elles veulent relancer la machine économique liée au tourisme et aux structures hôtelières, qui ont subi des pertes importante­s en raison de la pandémie. Il faut revoir le prix des billets d’avion, qui sont excessivem­ent chers. Il faut un prix référentie­l, surtout pour les familles.

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Hassan Menouar

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