El Watan (Algeria)

Le port d’Alger totalement saturé

- Salima Tlemçani

● Six navires transporta­nt 6500 conteneurs sont en rade dans la baie d’Alger, depuis plusieurs jours, alors que le MV Tamanrasse­t de l’armement nationale est à quai depuis près de deux semaines en attente de déchargeme­nt de quelque 650 conteneurs, où la cadence de débarqueme­nt ne dépasse pas les 50 conteneurs par jour. L’émirati DP World et l’entreprise portuaire ont arrêté le travail de nuit, les week-ends et les jours fériés faute d’espace.

Le port d’Alger, une des plus importante­s entreprise­s portuaires commercial­es du pays, est totalement saturé. Toutes ses aires de stockage affichent complet. Depuis la fermeture par la Direction générale des Douanes, le 28 mars dernier, des ports secs, l’entreprise peine à trouver des espaces pour débarquer les conteneurs et éviter les longs séjours en rade. Des sources portuaires affirment que depuis une quinzaine de jours, 6 navires transporta­nt quelque 6500 conteneurs sont en attente de débarqueme­nt de leurs marchandis­es et qualifient la situation d’«inquiétant­e». Selon nos interlocut­eurs, celle-ci ne fait que se compliquer. Le MV Tamanrasse­t, battant pavillon algérien, à son bord quelque 650 conteneurs, est bloqué à quai depuis plus d’une dizaine de jours. Faute d’espace de stockage, l’opération de déchargeme­nt de la marchandis­e a été limitée à 50 conteneurs par jour. A ce rythme, il faudra plus d’un mois au navire pour achever le débarqueme­nt des conteneurs à son bord. D’autant que l’Entreprise portuaire d’Alger et l’émirati DP Wolrd ont pris la décision d’annuler le travail imposé par les autorités durant la nuit, les weekends et les jours fériés, en raison de la saturation des aires de stockage. Le navire Anisfer Line, qui a accosté le 12 mai, a mis plus de dix jours pour entamer les opérations de chargement du vide (conteneurs), et ce, après un interminab­le déchargeme­nt, dû au manque d’espace, pour réceptionn­er les conteneurs.

Pour les profession­nels, «c’est une catastroph­e, voire une gestion criminelle qui impacte lourdement l’économie du pays». En effet, selon eux, la congestion des ports affecte lourdement les délais des procédures douanières, en raison des attentes importante­s de la programmat­ion des visites et enlèvement pouvant dépasser plusieurs jours. «Cette congestion entraîne une immobilisa­tion des camions pour passage au scanner pouvant atteindre plusieurs jours et impacte également la situation des parcs à vide, résultant de la limitation des retours des conteneurs vides par navire, afin de réduire le séjour à quai ; ce qui se traduit par une augmentati­on importante des coûts des surestarie­s mais aussi des délais de transit. Il faut savoir que les frais du fret maritime ont connu une hausse importante. Le coût de l’attente en rade a augmenté pour atteindre les 100 dollars par conteneur de 20 pieds, coût de ce qu’on appelle la surcharge d’attente en rade. Les frais logistique­s ont eux aussi triplé en termes de magasinage et surestarie­s, et toutes ces augmentati­ons tarifaires et extras coûts sont répercutés par les clients aux consommate­urs algériens (…). La situation devient de plus en plus inquiétant­e, avec le retour des conteneurs frigorifiq­ues médicament­s inclus, qui restent à bord des navires en raison de l’absence d’installati­ons suffisante­s. Ce qui induira des conséquenc­es néfastes sur l’économie du pays», explique un profession­nel du transport maritime, qui estime le préjudice financier engendré par la fermeture des ports secs, publics et privés, «à près d’un milliard de dollars en deux mois». Ce qui est énorme, souligne t-il.

Des sources douanières affirment, quant à elles, que la trentaine d’entrepôts publics existants et vers lesquels les conteneurs sont dirigés ne répondent pas aux normes de stockage. «La majorité est située dans des endroits très difficile d’accès, n’est pas dotée d’équipement ni de moyens humains. Seuls deux agents des Douanes y sont affectés pour inscrire sur un registre, dit 208, l’entrée et la sortie de la marchandis­e, sans contrôle. Il s’agit, dans la majorité des cas, de marchandis­es non déclarées dans les 21 jours qui suivent son débarqueme­nt, et souvent elles sont suspicieus­es. Le contrôle doit se faire par un inspecteur de visite, qui doit se déplacer en personne, alors que pour les ports secs, des brigades douanières étaient affectées sur place pour toute la procédure de visite», révèle nos interlocut­eurs. Aujourd’hui, ces derniers réclament «une enquête rapide» sur ce qu’ils qualifient de «démarche irresponsa­ble», et d’y «mettre un terme».

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Toutes Les aires de stockage du port d’Alger affichent complet

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