«Le manque de perspectives chez l’étudiant bloque son insertion professionnelle»
Pouvez-vous nous expliquer la relation qui existe entre la formation de l’étudiant et son insertion socioprofessionnelle ?
De prime abord, on ne peut parler d’insertion socioprofessionnelle sans qu’il y ait au préalable un minimum de formation, au sens instruction du terme. C’est-à-dire, tout ce qui touche à l’éducation, l’apprentissage, la culture, le bagage, la connaissance, la préparation, le savoir... Il faudrait bien admettre que la formation ne se limite pas seulement à s’asseoir sur les bancs des établissements d’enseignement et de formation. Elle est partout. On peut l’acquérir auprès de toutes les personnes de divers horizons, qui ont quelque chose à nous transmettre dans un esprit d’échanges et de partage de connaissances, mais aussi d’expériences. Ici, on entend par formation tout le processus de préparation de l’individu et son initiation à la vie en général, en particulier professionnelle, et son intronisation au monde du travail. La formation régit donc son intégration à son environnement immédiat sous toutes ses formes. Il s’agit de son insertion socioprofessionnelle, aussi bien sur les plans social et relationnel que professionnel. Sa finalité suprême est de garantir une situation sociale satisfaisante suite à une bonne insertion socioprofessionnelle, synonyme de réussite et d’accomplissement de soi.
Quels sont les blocages qui empêchent l’étudiant d’avoir une bonne insertion socioprofessionnelle à la fin de son cursus de formation ?
Ce qui nourrit toute sorte de blocage qui empêche l’étudiant à avoir une bonne insertion socioprofessionnelle est son ignorance de ce qu’il veut faire à l’avenir et le manque de perspectives. Aussi, c’est le déphasage qui naît entre les aspirations de l’étudiant en phase de formation et ses projections futures qui alimentent son désarroi. Pour espérer des lendemains meilleurs, il faut revoir sa relation avec le diplôme. Si certains n’y croient plus, beaucoup le considèrent comme étant une fin en soi, alors que d’autres courent derrière la collection de diplômes et les voient comme un sésame qui ouvre toutes les portes de la réussite ! Or, la vie professionnelle se prépare et se planifie, elle ne se limite pas à un bout de papier qui sanctionne les quelques années d’études. Avoir une qualification, c’est bien, c’est un atout, mais ce n’est jamais le tout. Dans la plupart des cas, le diplôme est nécessaire pour décrocher un poste d’emploi, mais ce n’est pas suffisant pour espérer une bonne insertion professionnelle. C’est très important de développer ses compétences, son savoir-être et son savoir-faire. Ensuite, faire savoir son savoir-faire auprès de ceux qui seraient potentiellement dans le besoin et intéressés par ses services. Le manque de passerelles, c’est-à-dire d’opportunités de pratique entre l’université et le milieu professionnel constitue aussi un obstacle majeur qui peut entraver la réussite d’un jeune étudiant.
La situation sociale peut-elle influer sur les aptitudes de l’étudiant ?
La situation sociale peut influencer le parcours d’étude et de formation. Elle peut aussi perturber son processus de développement et d’apprentissage. Au fait, ses aptitudes sont liées et dépendent de plusieurs facteurs exogènes, à savoir l’environnement familial, social et estudiantin. Etant jeune à la fleur de l’âge, l’étudiant se cherche encore, et ce n’est pas du tout évident pour lui de concilier ses études avec les soucis de la vie qui commencent à le guetter. L’équilibre est parfois retrouvé difficilement grâce au soutien de l’entourage et la disponibilité de la famille. Chose dure à atteindre pour un étudiant en détresse, ce qui le pousse, le cas échéant c’est l’abandon. En effet, beaucoup n’ont pas pu aller au bout de leur cursus universitaire à cause de leur incapacité de surmonter les difficultés engendrées par leur situation socio-économique.
Pensez-vous que l’introduction des modules qui concernent le développement personnel dans l’enseignement universitaire peut aider l’étudiant dans son insertion socioprofessionnelle ?
De nos jours, ce n’est pas tant la qualité ou l’accès à la formation qui pose problème, mais plutôt notre façon d’appréhender et de gérer la période post-formation. Les situations contraignantes en relation avec la vie professionnelle intriguent nos jeunes étudiants, d’où la nécessité d’introduire de nouvelles approches qui peuvent leur être utiles pour l’avenir. A juste titre, ce qui peut aider l’étudiant dans son cursus et son insertion socioprofessionnelle c’est sa capacité à transcender tout ce qui le freine pour y arriver. Tout enseignement et activités qui procurent à l’étudiant des outils lui permettant de dépasser les obstacles de la vie, de se surpasser, qui le poussent à aller de l’avant, qui l’inspirent et le stimulent, méritent d’être introduits dans l’enseignement universitaire. Outre les modules de spécialité et autres matières essentielles d’une filière donnée, pour gagner en confiance, quitter sa zone de confort et sortir du statut de la victime, la psychologie positive et le développement personnel en constituent des alternatives afin d’aider l’étudiant dans son cursus et son insertion socioprofessionnelle.