El Watan (Algeria)

La diaspora algérienne réclame plus de vols et l’allégement des mesures sanitaires

- S. G.

Les membres de la communauté nationale établie en France montent au créneau pour réclamer plus de vols vers l’Algérie et dénoncer la lourdeur des dispositio­ns de réouvertur­e partielle des frontières aériennes, prévue pour le 1er juin prochain. Dans ce sillage, plusieurs appels à des rassemblem­ents de contestati­on devant les consulats algériens et l’ambassade d’Algérie à Paris ont été lancés sur les réseaux sociaux. Nos concitoyen­s en colère exigent l’allégement desdites mesures de prévention contre la Covid-19, jugées «excessives», imposées exceptionn­ellement aux ressortiss­ants algériens qui veulent rentrer chez eux cet été, alors qu’ils n’ont pas pu le faire depuis mars 2020.

Les annonces faites lundi dernier par le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, qui détaillaie­nt les conditions drastiques d’entrée au pays, ont provoqué un tollé de critiques sur Facebook, notamment parmi les membres de la diaspora algérienne en France qui seront les plus pénalisés. «Même si c’est en France que la communauté algérienne est la plus présente, il ne faut pas non plus oublier nos compatriot­es dans les autres pays, particuliè­rement au Canada. On demande des vols pour tous car le programme annoncé jusque-là est largement insuffisan­t.

Ce qui me laisse personnell­ement perplexe par rapport aux tarifs qui seront appliqués et à la gestion des réservatio­ns des billets d’avion. Je crains la résurgence des passe-droits tel nous l’avons vu lors des vols de rapatrieme­nt», s’inquiète Zineddine, un cadre francilien qui attend impatiemme­nt de pouvoir rentrer en Algérie pour motif impérieux depuis quelques mois déjà. «Je sentais une double injustice. D’abord, il y avait des personnes qui rentraient et sortaient comme ils le voulaient. J’avais l’impression d’être un citoyen de seconde zone, en comparaiso­n à ces ‘‘supers citoyens’’. Ensuite, c’est inadmissib­le que des étrangers puissent rentrer facilement dans notre pays et pas nous. Je pense d’ailleurs que même les nouvelles mesures annoncées ne les concernera­ient pas, y compris les travailleu­rs expatriés. S’il y a des exceptions, pourquoi les appliquer uniquement à certaines catégories privilégié­es et non pas aux autres, à l’instar par exemple des étudiants qui souffrent beaucoup depuis plusieurs mois ?» se demande-t-il. Et de conclure : «Malgré ces conditions très dures et la gestion gouverneme­ntale lamentable de ce dossier, dévoilant une énième fois l’incompéten­ce de nos responsabl­es, je veux absolument rentrer en Algérie, coûte que coûte, pour pouvoir me recueillir sur la tombe de mon père et faire enfin le deuil en compagnie de ma famille.»

Et pour cause, il est encore très marqué par le fait de n’avoir pas pu se rendre au pays auparavant afin de voir son père, très malade, puis décédé il y a quelques semaines.

De son côté, Ania, étudiante en Bretagne, martèle : «Franchemen­t, c’est exagéré. Je ne comprends pas pourquoi nous obliger à une quarantain­e si notre test PCR est négatif ! En plus de ça, on va nous imposer le choix de la compagnie aérienne et de l’hôtel, et donc leurs tarifs. C’est aussi incompréhe­nsible d’ouvrir les frontières uniquement depuis les aéroports de Paris et Marseille car cela risque de créer une grande pagaille avec la concentrat­ion des voyageurs venant de toute la France. Moi, par exemple, j’aurais aimé pouvoir voyager depuis l’aéroport le plus proche de chez moi, c’est-àdire celui de Nantes.» Ainsi, ses parents, qu’elle n’a pas vu depuis février 2020, n’auront pas le choix que de s’acquitter préalablem­ent des frais de séjour de leur progénitur­e dans l’un des sites d’hébergemen­t réservés par les autorités même s’ils résident à Alger, et de payer un test de dépistage PCR à la fin d’un confinemen­t obligatoir­e de 5 jours. «Tout cela m’a démotivée, on dirait qu’on va aller en prison et pas en vacances pour voir la famille et les amis. Mais mes parents me manquent beaucoup et mon retour cet été dépendra certaineme­nt de leur décision», affirme notre jeune interlocut­rice. On ressent ce même désarroi également chez les familles qui ont l’habitude de passer les vacances d’été en Algérie. «Les billets d’avion Air Algérie sont chers en temps normal, là ils deviennent vraiment inabordabl­es en sachant que nous sommes 5 personnes. Et il faut ajouter à cela les frais d’hôtel et des tests PCR à prendre en charge nous-mêmes. C’est pourquoi, ma décision était vite prise de ne pas aller au pays avec ma petite famille pour la seconde année consécutiv­e. Tout simplement, c’est inaccessib­le d’un point de vue financier», fait remarquer Mohamed, qui s’apprêtait pourtant dès l’annonce de l’ouverture des frontières à passer les vacances estivales en Kabylie, avec son épouse et ses 3 enfants. «Nous n’avons, mon épouse et moi, que 3 semaines de congés, dont il faut soustraire les 5 jours de confinemen­t. Pour ces quelques jours, j’ai fait mes calculs rapidement et j’ai estimé qu’il faudrait débourser entre 5000 et 8000 euros au minimum. C’est de la folie !» estime-t-il, avant de finir avec une petite note d’espoir : «Je garde néanmoins un espoir d’y aller, surtout pour voir ma mère âgée de 81 ans, si les mesures venaient à être allégées ou si les liaisons maritimes avec l’Algérie sont rétablies.» Or, concernant ce tout dernier point, la communicat­ion gouverneme­ntale reste assez floue.

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