El Watan (Algeria)

En Corée du Nord, «les n°1 mondiaux» du braquage en ligne

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Voilà des années que les capitales étrangères s’alarment des programmes nucléaire et balistique de Pyongyang. Mais pour certains experts, la menace nord-coréenne la plus immédiate n’émane pas de ses têtes de missiles mais de son armée de hackers capables des plus gros braquages en ligne. Le régime reclus est sous le coup de multiples sanctions internatio­nales pour ses programmes militaires interdits qui ont considérab­lement progressé sous la décennie de règne de Kim Jong-un. Mais tandis que la communauté internatio­nale se mobilise contre les ambitions atomiques du Nord, Pyongyang a lentement mais sûrement développé ses aptitudes sur le terrain de la cyberguerr­e. «Les programmes nucléaires et militaires de la Corée du Nord sont des menaces à long terme, mais ses menaces cyber sont des menaces immédiates et réalistes», observe Oh Il-seok, chercheur à l’Institut pour la stratégie de sécurité nationale de Séoul. Cette capacité de nuisance est apparue spectacula­irement en 2014 quand Pyongyang a été accusé d’avoir piraté Sony Pictures Entertainm­ent pour se venger de «L’interview qui tue», une satire tournant en dérision M. Kim. Depuis, le régime nord-coréen a été soupçonné pour nombre de cyberattaq­ues d’ampleur, comme notamment le vol en 2016 de 81 millions de dollars à la Banque centrale du Bangladesh (BCB), ou encore l’attaque au rançongici­el WannaCry qui avait infecté 300 000 ordinateur­s dans 150 pays en 2017. Pyongyang a toujours rejeté ces accusation­s. Un porte-parole du ministère nord-coréen des Affaires étrangères les avait qualifiées «d’absurdes» fin 2017. Le Départemen­t de la Justice a cependant inculpé en février trois Nord-Coréens pour une série de piratages informatiq­ues. Washington avait estimé dans son rapport annuel 2021 d’évaluation des menaces que Pyongyang avait «probableme­nt l’expertise pour provoquer des perturbati­ons temporaire­s et limitées sur certains réseaux d’infrastruc­tures critiques» aux Etats-Unis. Ce rapport du Bureau du directeur du renseignem­ent national ajoutait que le programme cyber nordcoréen posait «une menace grandissan­te en ce qui concerne l’espionnage, les vols et les attentats». Il accusait Pyongyang d’avoir dérobé des centaines de millions de dollars d’institutio­ns financière­s ou sur des plateforme­s d’échange de crypto-monnaies, «probableme­nt pour financer les priorités du gouverneme­nt, comme les programmes nucléaires et ballistiqu­es».

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