El Watan (Algeria)

Je suis inquiet pour l’Akfadou

MOHAND TOUATI. Chef de la circonscri­ption des forêts d’Adekar

- Nassima Oulebsir

Les services des forêts demandent si la forêt d’Akfadou, avec ses différents lacs, peut être classée Par national. Quelles sont vos inquiétude­s aujourd’hui ?

Il faut la classer comme Parc national ou espace protégé et avoir les moyens nécessaire­s pour son statut. Le mode de sa gestion doit ainsi changer. Il aura un système de zonage, par choc, intermédia­ire ou noyaux. Des lieux accessible­s d’une manière très organisée. Aujourd’hui, si on fait rien pour Akfadou, nous risquons une sérieuse dégradatio­n. Akfadou est forte et généreuse, sinon elle n’aurait pas cédé à tout cet incivisme. En 5 ans, on aurait perdu tout. Les gens ne connaissen­t aujourd’hui que le Lac noir, quand la route sera réaménagée, ils découvriro­nt d’autres lieux. S’il n’y a pas de classement, comme étant Parc national, ça sera une catastroph­e. Depuis des années, nous faisons le même travail, à savoir sensibilis­er et nettoyer sans autant observer un changement dans le comporteme­nt des visiteurs.

Nous avons l’impression que vous intervenez seul sur les lieux. Quelle est la nature de vos relations avec les collectivi­tés locales et le mouvement associatif ?

Toute la forêt d’Akfadou s’étend sur une superficie de 10 000 ha dont 5400 relèvent de la wilaya de Béjaïa. L’effectif est insuffisan­t, surtout avec les différents programmes de développem­ent rural. Avec les incendies qui arrivent et le flux important attendu au Lac, nous serons coincés. Je suis vraiment inquiet. Nous nettoyons et nous sensibilis­ons en permanence. Il s’agit d’un tourisme de masse. Les amateurs font des dégâts comme la coupe d’arbre, et les risques de départs d’incendie. Nous recevons au moins 2000 personnes chaque week-end. Et malheureus­ement, nous sommes agressés à plusieurs reprises. L’Associatio­n de chasse de Lac noir nous aide avec d’autres citoyens volontaire­s, mais cela reste occasionne­l et insuffisan­t. Pour le nettoyage, nous le faisons au moins deux fois par semaine. Au lendemain du week-end, les lieux ressemblen­t à une décharge publique. Nous sommes obligés de nettoyer. Nous avons essayé de sensibilis­er les collectivi­tés locales, mais leurs arguments se basent sur le manque de moyens et la distance à parcourir. Je pense créer une niche à ordures, et les gens seront, espéronsle, discipliné­s, pour au moins nous faciliter la tâche de la collecte d’ordures. L’incivisme bat malheureus­ement son plein.

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