«LA PALOMBE» REPREND SON ENVOL
Ils étaient plus d’un millier, entre chasseurs et spectateurs, à se retrouver sur les hauteurs de la ville de Thénia pour assister au premier événement du genre depuis plus de deux décades : un concours de chasse.
Organisée par l’association locale La Palombe, la manifestation a drainé plus de 600 chasseurs venus faire preuve de dextérité sur des cibles fixes (75 et 50 mètres) ou une cible mouvante (la balle trappe) sur un terrain aménagé dans une région boisée. Selon M. Hamadeche Ali, président de l’association, «mis à part une activité juste symbolique l’année écoulée, l’activité de la chasse était à l’arrêt depuis la malheureuse période de la décennie noire. Aujourd’hui, c’est la vraie reprise d’une pratique héritée de nos ancêtres». L’engouement ne s’est pas fait attendre. Ils sont venus de partout d’Algérie. Pour seule invitation, un simple post sur Facebook. Des pères étaient accompagnés de leurs enfants en âge de manier le fusil. Des jeunes filles également. Renseignement pris, ce sont de simples profanes, avocates de profession, qui se préparent à adhérer à une association de chasse. D’autres collègues en font déjà partie. L’ambiance est festive. Pendant que certains concourent aux sons des crépitements des cartouches, les anciens admirent à partir d’une tribune aménagée. D’ailleurs, on a célébré un hommage honorifique à 21 d’entre eux. Pour éviter des accidents, des jeunes en gilets jaunes ou oranges veillent à la bonne organisation et à la sécurité. La protection civile et les services des forêts accompagnent la manifestation. En arrière-plan, des commerces mobiles vendent des grillades et autres mets légers. L’odeur du barbecue se mêle à celle des cartouches tirées. Le président de La Palombe revient sur l’organisation de l’événement : «C’est grâce aux jeunes bénévoles et aux propres moyens de l’association, en collaboration avec la Conservation des forêts que nous avons pu réussir le pari de renouer avec cette pratique qui allie, d’une part, connaissance scientifique sur le gibier, les périodes et les méthodes de chasse et, d’autre part, le maniement des armes, la réglementation en matière et le respect de l’environnement. Durant nos randonnées ou les battues, nous veillons à la préservation de la nature et signalons les comportements agressifs des délinquants ou des braconniers. N’est-ce pas un plaisir de voir nos jeunes et moins jeunes se rencontrer en ce lieu dans une activité saine et de sensibilisation écologique au lieu des errements dans une ville comme Thénia dépourvue de loisirs ?» Mais, cette pratique reste encore tributaire d’autres facteurs qui freinent son véritable essor. Il y a d’abord la question des armes. Des fusils (300 au moins) n’ont pas été encore restitués à leurs propriétaires. Au prix du fusil de chasse qui avoisine les 100 millions de centimes, ce n’est pas une simple donné. Il y a aussi le problème d’approvisionnement en cartouches. Pourtant, cette activité n’est pas un simple sport ou loisir. Des battues servent à réduire le nombre de sangliers pour protéger les cultures dans les campagnes.
DES BIENFAITS MÉCONNUS
En ville, l’abattage des animaux errants qui présentent également un danger pour la santé publique est devenu une nécessité. Si la ville de Thénia a été assainie, d’autres villes de la wilaya continuent à en souffrir. Pourquoi ne pas faire appel aux chasseurs. Selon M. Benaamane Youcef, président de la Fédération des chasseurs de Boumerdès, la wilaya compte 600 chasseurs adhérents. La réglementation stipule qu’ils doivent d’abord être munis d’un certificat d’habilitation délivrée après un stage de trois jours au niveau du CFPA. Puis, un permis de chasse leur est délivré avant une licence conjoncturelle. Enfin, un mode d’amodiation (location de terrains de chasse même auprès du privé) des terrains a été adopté sous la houlette des services des forêts. «Notre premier souci est d’éradiquer le braconnage et de faire respecter la réglementation pour le bien de la nature. C’est pourquoi, nous menons beaucoup d’opérations de sensibilisation suivies de formations dont nous faisons une priorité. En même temps, nous contribuons à la protection du gibier et à son enrichissement. Nous avons effectué des lâchers de 1500 canards au Hamiz et à Kherrouba, de 500 faisans et 500 perdrix à Sahel Bouberek (Sidi Daoud). La réussite a dépassé nos espérances puisque le suivi a permis d’en pister 20%. Mais, quand une fédération ne possède même pas un siège, il est difficile de maintenir un niveau d’activités appréciables.» C’est pourquoi, même si La Palombe a repris son envol, elle et ses consoeurs de la famille des chasseurs attendent un plus grand défi : redonner à la chasse ses lettres de noblesse.