El Watan (Algeria)

La difficile paix

- Par Tayeb Belghiche

Durant la guerre des Six-Jours de juin 1967, les armées arabes avaient essuyé une défaite humiliante face à Israël. Des manifestat­ions de rue avaient alors éclaté dans les grandes villes occidental­es pour dénoncer l’agression du Goliath arabe contre le David israélien. Pourtant, l’agresseur était Israël. Dès le déclenchem­ent des hostilités, les dirigeants arabes, qui ne maîtrisaie­nt pas du tout l’appareil de propagande contrairem­ent aux Israéliens, se donnaient «rendez-vous à Tel-Aviv», des fanfaronna­des qui les faisaient voir comme des ogres qui allaient manger les petits juifs. La vérité sur le bellicisme et l’expansionn­isme d’Israël finiront par devenir évidents aux yeux du monde entier. Cela se vérifiera lors de la guerre d’Octobre 1973. Aucun pays européen n’avait accepté que son espace aérien soit survolé par des avions de l’US Army qui transporta­ient des armements en urgence pour Israël, qui était alors sur la voie de la défaite. Seul le Maroc, où les Américains avaient à l’époque des bases militaires, a accepté un tel survol, donnant aux Israéliens une chance inouïe pour remporter une autre victoire sur les Arabes. Avec le temps, la vraie nature d’Israël, «arrogant, sûr de lui, dominateur», est apparue au monde entier. La dernière agression d’Israël contre la Bande de Ghaza a provoqué la colère de tous les peuples du monde, surtout en Occident où d’imposantes manifestat­ions pro-palestinie­nnes ont eu lieu alors qu’aucun acte de sympathie envers Israël n’a été signalé. Même aux Etats-Unis, le courant de gauche du parti démocrate de Joe Biden et une partie de l’électorat juif, qui reste pourtant très attaché à l’existence d’Israël dans «des frontières sûres et reconnues», n’ont pas caché leur mécontente­ment face aux souffrance­s infligées à un peuple palestinie­n désarmé. Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a perdu de sa superbe, lui qui a pensé que la politique criminelle de Donald Trump à l’égard des Palestinie­ns l’autorisait à toutes les dérives, y compris celles de perpétrer des crimes de guerre et le génocide de Palestinie­ns. La destructio­n de Ghaza, de ses hôpitaux, de ses écoles, ses immeubles d’habitation, le massacre des innocents, tout cela ne pouvait le ranger que dans la catégorie des criminels de guerre. Déjà que la prison l’attend pour son implicatio­n dans des affaires de droit commun. Nul ne peut oublier également que la gouvernanc­e de Netanyahu est à l’origine d’affronteme­nts entre juifs et Arabes dans des villes israélienn­es jusque-là épargnées par le conflit. La communauté internatio­nale ne pouvait que s’alarmer, surtout depuis que le Premier ministre a proclamé qu’Israël est un «Etat juif» dans lequel les non-juifs n’ont pas leur place. Il était clair que ce dirigeant raciste voulait mettre en place un système d’apartheid, à l’image de ce qu’avait fait la minorité blanche en Afrique du Sud. Lorsque le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a dénoncé cette menace, il n’a obtenu qu’une réponse de non-recevoir du chef du Likoud. Or, Ghaza est un aperçu de ce que comptent réserver les Israéliens aux Palestinie­ns. Cette enclave est un véritable bantoustan dans lequel sont entassés 2 millions de Palestinie­ns. Ce que les Blancs du Sud africain n’ont pas réussi à faire en Afrique du Sud, la droite sioniste veut le développer dans l’ancienne Palestine. Cette logique de la guerre permanente ne laisse présager rien de bon pour la région, le jusqu’au-boutisme des fanatiques israéliens est extrêmemen­t dangereux. Ils ne veulent parler que de «paix israélienn­e» alors qu’aussi bien les Palestinie­ns que les Israéliens dans une grande proportion veulent la paix. Les Juifs ont en bien besoin eux qui, depuis la Rome antique, n’ont connu que les persécutio­ns, avec comme couronneme­nt de leur souffrance, l’Holocauste. Il n’est pas interdit de rêver lorsque l’on entend le nouveau secrétaire d’Etat américain dire que la paix israélopal­estinienne passe par la création de deux Etats.

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