El Watan (Algeria)

Hommage à l’homme et à l’écrivain

Le monde littéraire et les amis proches de l’écrivain disparu rendent hommage, à chaque anniversai­re de sa mort, aux valeurs humaines et à la dimension intellectu­elle de l’enfant d’Oulkhou.

- Hafid Azzouzi

Le poète, journalist­e et romancier, Tahar Djaout, victime d’un attentat terroriste le 26 mai 1993, est «ressuscité» cette semaine à l’occasion du 28e anniversai­re de sa mort. Ses anciens collègues, ses amis et des citoyens de sa région natale, Azeffoun, ont salué sa mémoire à travers des témoignage­s. Akli Gasmi, compagnon d’enfance du défunt, a, lors d’une conférence animée au Festival de la poésie engagée, organisé à Aghribs, rappelé que les romans de Tahar relatent la misère et les moments difficiles vécus par les habitants de sa région, notamment durant la période de la guerre d’indépendan­ce nationale. «En 1957, l’armée coloniale avait installé un campement militaire dans notre village, Oulkhou, où elle avait regroupé tous les habitants des localités limitrophe­s. Chaque semaine, des militaires ramenaient des citoyens pour les torturer, parfois jusqu’à la mort. Donc, Djaout, qui était enfant, a été marqué par les images qu’on retrouve dans son livre Les Rets de l’oiseleur. Il cite même des personnes dont certaines sont encore en vie», raconte-t-il tout en essayant de décortique­r aussi les autres romans de l’enfant d’Oulkhou comme Les Chercheurs d’os, Solstice barbelé et Les Vigiles. Mohamed Aouine, écrivain natif d’Ath M’Hend, un village d’où la mère Djaout (Zineb Aouine) est originaire, parle de Tahar Djaout comme journalist­e, poète, romancier, mais aussi comme excellent nouvellist­e. «Je reste convaincu qu’avec Les Rets de l’oiseleur, il a offert à l’humanité l’une de ses meilleures oeuvres littéraire­s. Edité par l’ENAL, à Alger, en 1984, ce livre sera réédité par l’ENAG en 2002», estime Mohamed Aouine dans sa publicatio­n intitulée Tahar Djaout un écrivain à (re) découvrir. Établi en France depuis 15 ans, Aouine qui est issu de la nouvelle génération d’écrivains est très inspiré par l’oeuvre et l’itinéraire de l’auteur de L’Exproprié. «Tahar Djaout tient la parole poétique de sa mère. Tout petit déjà, il l’entendait déclamer des poèmes où elle faisait passer ses émotions personnell­es, tout en nourrissan­t la conscience de ses auditeurs. Je pense que, en évoluant dans cet environnem­ent familial, Tahar était poète avant même d’apprendre à écrire», ajoutet-il. Par ailleurs, outre les activités commémorat­ives comme le recueillem­ent sur la tombe de Djaout à Oulkhou, d’anciens collègues du journalist­e assassiné lui ont rendu hommage à travers leurs interventi­ons sur les réseaux sociaux. On cite, entre autres, Arezki Metref et Nadjib Stambouli.

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Tahar Djaout a été ravi aux siens et à la littératur­e à l’âge de 39 ans

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