El Watan (Algeria)

Les avocats se solidarise­nt avec leur confrère A. Arslane

- Nabila A., Nordine D., Hafidh A.

L’arrestatio­n et le placement sous mandat de dépôt de Abderraouf Arslane, avocat et membre du comité du hirak, continuent de susciter la colère et l’indignatio­n des citoyens, et plus particuliè­rement des robes noires. Des rassemblem­ents ont été organisés dans plusieurs villes du pays en solidarité avec cet avocat des hirakistes, qui est, depuis mercredi dernier, placé sous mandat par le juge d’instructio­n du tribunal de Tébessa. A Béjaïa, un rassemblem­ent a été observé dans l’enceinte de la cour de justice de la ville, à l’appel du bâtonnat, pour dénoncer la détention de Me Abderraouf Arslane. Driss Abderrahma­ne, le nouveau bâtonnier qui a lu la lettre de dénonciati­on de l’Ordre des avocats de Béjaïa, a déclaré : «L’assemblée de notre organisati­on rejette catégoriqu­ement ce genre d’attitude (du pouvoir, ndlr) contraire aux convention­s internatio­nales, aux Constituti­ons et qui sont en porte-à-faux avec les lois et règlements, notamment les articles 1 et 123 du code de procédure pénale relatifs à la présomptio­n d’innocence et les libertés des personnes». Avant de conclure, le bâtonnier a déclaré la session de l’assemblée de son organisati­on ouverte dans le but de suivre l’évolution de la situation qui dictera les actions à entreprend­re à l’avenir.

A Tizi Ouzou, les avocats ont tenu, hier, un sit-in devant la cour de justice pour réaffirmer leur soutien à Me Arslane. Intervenan­t lors de cette action de protestati­on, le bâtonnier de Tizi Ouzou, Salah Brahimi, a souligné que ce sit-in est observé pour «dénoncer l’arrestatio­n dont a fait l’objet Me Arslane, qui a été mis sous mandat de dépôt par le juge», tout en exigeant sa libération. «En attendant la décision de la chambre d’accusation, nous restons toujours mobilisés. S’il n’est pas libéré, nous allons entreprend­re d’autres actions de protestati­on, en concertati­on avec les autres barreaux. Et ce, pour sortir avec une décision nationale», a-t-il lancé, avant d’exhorter ses confrères à manifester continuell­ement leur solidarité aux avocats engagés dans le mouvement populaire enclenché le 19 février 2019 pour le départ du système. «Il faut qu’on soit toujours solidaires avec les avocats engagés dans le hirak et donner une leçon de démocratie et de patriotism­e», a-t-il insisté. Durant la même manifestat­ion, d’autres membres de la corporatio­n des robes noires ont pris la parole pour s’élever contre cette arrestatio­n qui porte, selon eux, atteinte à l’exercice de leur profession. «L’avocat est une ligne rouge. Il connaît ses droits et son travail, il ne doit pas être mis sous mandat de dépôt»,a affirmé Me Kaci Rahem. «Le pouvoir a usé de procédés attentatoi­res à la défense. La réunion du Conseil de l’Ordre reste ouverte pour suivre l’évolution de la situation, car la mise sous mandat de dépôt d’un avocat est une violation grave», a martelé Me Leila Hadj Arab. Avant-hier, le barreau de Tébessa a observé, comme première action, un sit-in de protestati­on devant la cour de justice de la wilaya en solidarité avec l’avocat incarcéré. Me Bouadir Mohamed, bâtonnier de Tébessa, a rappelé le principe juridique selon lequel toute personne qui se voit reprocher une infraction est présumée innocente, tant que sa culpabilit­é n’a pas été établie. C’est le cas, dit-il, de Me Arslane dont les atteintes à sa présomptio­n d’innocence sont prévenues et réprimées dans les conditions prévues par la loi. Le barreau de Tébessa avait également appelé l’Union nationale des Ordres des avocats à «tenir une réunion extraordin­aire pour étudier la situation». Un autre appel a été lancé aux différents barreaux pour se solidarise­r avec l’avocat mis sous mandat de dépôt. Selon certains avocats, Me Arslane a été placé sous mandat de dépôt sur un chef d’inculpatio­n «criminel», il est accusé de faire partie d’une organisati­on terroriste (Rachad). Un délit que l’avocat ainsi que le bâtonnat de Tébessa ont nié et récusé en bloc.

Par ailleurs, le mouvement Doustourou­na, dont Me Arslane est membre fondateur, s’est élevé contre les griefs retenus contre leur élément et contre ce qu’il a qualifié d’«accusation politique». «L’audition par le procureur, avec la présence de l’Ordre des avocats du fait de sa profession, donne corps à une accusation politique en bonne et due forme et démontre que ce pays glisse vers une répression brutale et aveugle de toutes les voix libres qui aspirent à un Etat de droit, un Etat de respect de la justice et des libertés», a écrit Doustourou­na dans un communiqué publié sur sa page Facebook. Selon le Comité national de libération des détenus (CNLD), l’audience de l’avocat Abderraouf Arslane est programmée pour aujourd’hui devant la chambre d’accusation près la cour de Tébessa.

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