El Watan (Algeria)

Adoption d’un projet d’ordonnance relative à la protection des informatio­ns

l Le Premier ministre avait expliqué, mercredi dernier, que le projet de texte, présenté par le ministre de la Justice, «vise à renforcer la protection et la sécurité des informatio­ns et des documents classifiés de l’Etat et de ses institutio­ns».

- H. L.

Le Conseil des ministres a examiné et adopté, avant-hier, un projet d’ordonnance relative à la protection des informatio­ns et des documents administra­tifs, selon un communiqué du Conseil des ministres. Ce dernier n’a fourni aucun détail à propos du contenu dudit projet d’ordonnance. En revanche, le Premier ministre avait expliqué, mercredi dernier, que ce projet de texte, présenté par le ministre de la Justice, «vise à renforcer la protection et la sécurité des informatio­ns et des documents classifiés de l’Etat et de ses institutio­ns», a précisé le communiqué.

Il prévoit ainsi «d’incriminer et de réprimer pénalement la divulgatio­n ou la publicatio­n d’informatio­ns ou de documents classifiés à travers, notamment, l’instrument­alisation des technologi­es de l’informatio­n et de la communicat­ion». Sollicité par nos soins, Ahmed Betatache, maître de conférence­s et enseignant de droit constituti­onnel à l’université de Béjaïa, s’est montré partagé face à l’absence du contenu exhaustif dudit projet d’ordonnance. «C’est normal que l’Etat veuille protéger des informatio­ns classifiée­s, en lien avec la sécurité et la défense nationales. La Constituti­on garantit à chaque citoyen le droit à l’informatio­n. Ce droit ne peut être exercé sans limites, lorsqu’il s’agit par exemple de la sécurité de l’Etat ou de la vie privée des gens», a expliqué ce spécialist­e du droit constituti­onnel.

Toutefois, il met en garde contre d’éventuels «dépassemen­ts» dans l’applicatio­n de ce projet d’ordonnance en vue de remettre en cause le droit à l’informatio­n. «Le danger c’est de violer le droit des citoyens à l’informatio­n, consacré par la Constituti­on. En cas de dépassemen­ts, la presse n’aura aucun sens», a-t-il prévenu. Par ailleurs, notre interlocut­eur a qualifié d’«anticonsti­tutionnell­e» la récente décision du Conseil de sécurité de classer les mouvements Rachad et MAK sur la liste des «organisati­ons terroriste­s», accusées de tenter de «déstabilis­er le pays et d’attenter à sa sécurité». «Il y a un amalgame entre un acte terroriste et un acte politique. Au moment où un émir terroriste a été reçu comme personnali­té nationale, des groupes politiques sont assimilés à des groupes terroriste­s. Cela pose un véritable problème», a pointé Ahmed Betatache. Il a aussi évoqué une «contradict­ion» dans les décisions du Conseil des ministres en lien avec deux projets d’ordonnance­s. Le premier est relatif à la modificati­on de l’ordonnance n°66-156 du 8 juin 1966 portant code pénal, afin de renforcer le système juridique de lutte contre le terrorisme, notamment à travers la création d’une «liste nationale des personnes et des entités terroriste­s», alors que le second est lié à l’amendement du code du commerce et du projet d’ordonnance n°66-156 du 8 juin 1966 portant code pénal dans son volet relatif à la révision de la dépénalisa­tion de l’acte de gestion. «Le premier amendement a été adopté par ordonnance, alors que le second doit attendre l’élection d’une Assemblée nationale populaire», a-t-il fait savoir.

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Le président Abdelmadji­d Tebboune et le Premier ministre Abdelaziz Djerad, avant-hier, à l’entrée du Conseil des ministres

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