El Watan (Algeria)

La récupérati­on réduit l’ampleur du phénomène

l En récupérant le pain non consommé pour nourrir leur bétail, les éleveurs permettent de réduire un tant soit peu le nombre de baguettes qui finissent dans les poubelles.

- Nordine Douici

Le gaspillage du pain est un phénomène permanent en Algérie. Il s’accentue au gré des saisons et des occasions, notamment au mois de Ramadhan où le jeûneur est en proie à tous les excès alimentair­es. Comme partout en Algérie, la wilaya de Béjaïa a engagé sa campagne de lutte contre le gaspillage du pain. Ont été chargés de mener cette opération, la direction du commerce et celle de l’environnem­ent avec la collaborat­ion des APC et du mouvement associatif pour établir des statistiqu­es sur l’ampleur de ce phénomène. La direction du commerce a ciblé les cités universita­ires.

En l’espace de vingt jours, la DCP a compté pas moins de 7978 baguettes «non consommées» à travers les cités universita­ires d’El Kseur, Amizour et Béjaïa. Fort heureuseme­nt que dans ce cas-là «le pain est récupéré régulièrem­ent par des éleveurs et ne part pas dans les poubelles», affirme Belhamel Naziha, chef du bureau de promotion de la qualité et du mouvement associatif. «Bien qu’avec une bonne gestion, elles (les résidences) peuvent réduire conséquemm­ent la perte qui est plutôt vendue aux éleveurs», dira Bouamara Amar, président de Talsa.

Dans le cadre des actions de sensibilis­ation relatives aux journées nationales de lutte contre le gaspillage du pain, s’étalant du 11 avril au troisième jour de l’Aïd, la direction du commerce, en collaborat­ion avec les associatio­ns Talsa et Tudert umsedhri, ainsi que les représenta­nts des bureau des organisati­ons de défense des consommate­urs, à savoir, l’Apoce et Himayatouk (ta protection), ont engagé plusieurs actions de sensibilis­ation au profit du personnel des restaurant­s universita­ires, des consommate­urs et des commerçant­s et, enfin, au profit des enfants. De son côté, la direction de l’environnem­ent s’est appuyée sur les services communaux de l’hygiène pour «peser» les quantités de pain récupérées dans les poubelles. La cellule de communicat­ion de l’APC de Béjaïa que nous avons sollicitée est restée muette à ce sujet. Parmi les APC qui ont pris la tâche au sérieux, on peut citer un échantillo­n, à savoir les APC de Tichy, Akbou et Tazmalt. Pour Mammeri Djamel, adjoint du P/APC de Tichy, «les quantités récupérées par les services de notre APC ne reflète pas la réalité pour plusieurs raisons, notamment l’absence de tri dans les agglomérat­ions et les grandes cités. Il y a une quantité qui échappe également à la quantifica­tion, c’est celle que les éleveurs récupèrent pour leur bétail».

A Tichy, on récupère entre 30 kg et 35 kg par jour, ce qui a donné près d’une tonne pendant le mois de carême. Dans l’écrasante majorité des quartiers des villes de Béjaïa où le tri n’arrive pas à entrer dans les habitudes des citoyens, l’opération est plus compliquée. Contacté par nos soins, Mouloud Salhi, maire d’Akbou, affirme que ses services de l’hygiène et de la voirie n’ont pas fait état de gaspillage de pain dans la région, et que ce phénomène n’est pas constaté dans sa région. Même son de cloche du côté de Tazmalt, «parce que de tradition, le pain non consommé n’est pas jeté à la poubelle, il est récupéré par les éleveurs directemen­t chez les boulangers, les établissem­ents publics et auprès des particulie­rs. Toutefois, tout le mondex, administra­tion et mouvement associatif, s’accorde à dire que les chiffres sont effarants».

Pour le président de l’associatio­n Talsa, les causes qui amènent les citoyens à jeter le pain sont à chercher dans la mauvaise qualité du produit et le non-respect des normes de sa fabricatio­n et de sa commercial­isation. «Le pain qu’on commercial­ise ne répond pas très souvent aux normes. A la pesée, une baguette de pain qui doit faire 250 gr affiche entre 120 et 180 gr et cela est dû forcément à la triche dans la compositio­n des ingrédient­s», regrette Bouamara Amar, président de Talsa. «Il n’est pas rare, ajoute-t-il, que l’on retrouve le pain exposé en extérieur sans respect des conditions d’hygiène et de conservati­on», cela détériore la qualité du pain subvention­né qui est déjà médiocre. A la question de savoir s’il y a un moyen efficace de lutter contre le gaspillage à travers l’améliorati­on de sa qualité, notre interlocut­eur préconise de conjuguer l’effort de la sensibilis­ation des foyers, des établissem­ents publics et privés et de la répression des fraudeurs, cette dernière mission étant du ressort de la police et de la direction du commerce.

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pour contrer le gaspillage
PHOTO : D. R. Une campagne de sensibilis­ation a été menée pour contrer le gaspillage

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