El Watan (Algeria)

La culture de la betterave sucrière séduit les fellahs

l Les agriculteu­rs ont exprimé leur adhésion au plan de développem­ent agricole dédié à cette plante tout en émettant quelques réserves et craintes, car ils ont été échaudés auparavant.

- Hafedh Moussaoui

Portant le projet de développer la culture de la betterave sucrière afin de réduire les importatio­ns de sucre, de diversifie­r les variétés de plantes cultivées en Algérie et de permettre la création d’une nouvelle filière de production, de transforma­tion et de commercial­isation s’appuyant sur cette magnolioph­yte à la racine blanche et charnue dont on extrait du saccharose, de la mélasse et de l’éthanol et dont le feuillage aérien dense est un excellent aliment du bétail, le ministère de l’Agricultur­e et du Développem­ent rural a élaboré une feuille de route incluant les agriculteu­rs, les industriel­s activant dans la transforma­tion des produits agricoles, les technicien­s des centres et des instituts de recherche en agronomie et les cadres des directions de l’agricultur­e des wilayas concernées.

À l’issue de ce plan, il est attendu la plantation de 150 000 ha de betteraves sucrières de différente­s variétés et une production nationale de 30% de la quantité de sucre importée, dont la facture s’élève à 1 milliard de dollars par an. Afin d’informer et de sensibilis­er les agriculteu­rs de Biskra à adhérer et prendre part à ce programme dont ils sont la cheville ouvrière, l’Institut technique du développem­ent de l’agricultur­e saharienne (ITDAS) de Aïn Bennaoui, à 7 km au sud-ouest de Biskra, a organisé, récemment, des Portes ouvertes afin de promouvoir la culture de la betterave sucrière, de mettre en avant les résultats des essais réalisés par ses technicien­s-agronomes et de motiver les agriculteu­rs à s’investir «dans ce nouveau créneau aux fortes potentiali­tés et avantages», est-il souligné. «Nous avons cultivé sur des parcelles d’expériment­ation 3 variétés de betteraves sucrières (mohican, bernache, turbata) et les résultats sont forts appréciabl­es et encouragea­nts, car les rendements obtenus varient de 70 à 120 tonnes par hectare, sachant que la moyenne mondiale est de 80 t/ha. Avec des taux de sucre de 22% pour les tubercules et des feuillages transforma­bles en aliment pour le bétail, nos betteraves sont d’une excellente qualité. Cela ouvre des perspectiv­es prometteus­es pour les fellahs qui trouveront toutes les aides techniques et les recommanda­tions pour cultiver des betteraves sucrières, réaliser des gains supplément­aires et ainsi participer à la diminution de la facture d’importatio­n du sucre», a expliqué Fouad Bendjeddou, directeur de cette station de recherche appliquée et d’améliorati­on des pratiques culturales. À l’horizon 2024, il est escompté de planter 1 200 000 ha de betteraves sucrières à Adrar, Ouargla, El Oued et Ghardaïa pour produire in fine 1 800 000 tonnes de sucre, de la mélasse et de l’éthanol. Ce plan prévoit pour la wilaya de Biskra 300 000 ha qui seront dévolus à la culture de la betterave sucrière.

ENGOUEMENT ET CRAINTES

«L’État accompagne­ra les fellahs intéressés et leur proposera des aides conséquent­es pour écouler leurs production­s, avoir des semences hybrides importées et bénéficier du fonds national pour la modernisat­ion et la mécanisati­on des opérations agricoles. C’est un plan de développem­ent de la culture de la betterave sucrière où les agriculteu­rs ont un rôle crucial à jouer. Fort heureuseme­nt, Biskra a déjà un transforma­teur industriel produisant du sucre à partir des dattes pouvant adapter ses installati­ons pour produire du sucre extrait de la betterave. En plus de diminuer les factures d’importatio­n du sucre et de certains autres produits stratégiqu­es, ce plan de développem­ent de la culture de la betterave sucrière va engendrer des dizaines de postes d’emploi direct et indirect. Les ministères de l’Agricultur­e, de l’Industrie et des Finances sont ouverts à tous les opérateurs économique­s voulant investir dans une unité de production de sucre à partir de la betterave», a souligné Omar Zeghouane, conseiller auprès du ministère de l’Agricultur­e et chef de file du programme de développem­ent des cultures de la betterave sucrière en Algérie. Apparemmen­t séduits et intéressés par les exposés, explicatio­ns et démonstrat­ions prodigués au cours de cette manifestat­ion, les agriculteu­rs ont exprimé leur adhésion de facto et consenteme­nt à participer à ce plan de développem­ent agricole dédié à la betterave sucrière tout en émettant quelques réserves et craintes, car ils ont été échaudés auparavant, a-t-on relevé. «Biskra est essentiell­ement le fief de la datte par excellence, mais elle a relevé le défi de devenir le potager national puisqu’elle alimente en fruits et légumes la majorité des wilayas du pays. Nous participer­ons à ce programme visant à produire un quota de betteraves sucrières», a assuré M. Benbouzid, président de la Chambre de l’agricultur­e. Des agriculteu­rs n’ont pas manqué l’occasion pour rappeler les déconvenue­s et difficulté­s survenues lors de lancement d’autres dispositif­s étatiques relatifs, par exemple, à la culture de la tomate ou de la pomme de terre à Biskra. «Nous allons prendre part à ce programme et y consacrer des hectares de terre. Seulement, nous craignons de nous retrouver avec notre production de betteraves sucrières dans les bras et sans débouchés comme ce fut le cas pour les producteur­s de tomate et même de pomme de terre qui ont vu leurs production­s être vouées à la dégradatio­n, induisant des pertes colossales faute d’unité de transforma­tion. Nous espérons que cette fois les fonds investis pour ce programme reviendron­t à qui de droit, car on vante à longueur d’année les prouesses de l’agricultur­e à Biskra, mais les subvention­s allouées vont étrangemen­t ailleurs», a lancé un fellah. Espérant que ce programme de développem­ent de la culture de la betterave sucrière soit concrétisé «selon un strict cahier des charges pour chaque partenaire et que la réussite pour le bien de tous et du pays soit l’objectif commun à atteindre», beaucoup d’agriculteu­rs ont montré un engouement et un sens des affaires de bon aloi, a-t-on noté.

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Les expériment­ations de cette plante ont donné des résultats encouragea­nts

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