El Watan (Algeria)

Les opérateurs de nouveau sur les rotules

Les importateu­rs de véhicules neufs sont tenus de proposer à leurs clients une large gamme de pièces de rechange allant du simple filtre à air à la garniture de porte, en passant par des moteurs complets.

- Rachid Larbi

Les importateu­rs de véhicules neufs sont tenus de proposer à leurs clients une large gamme de pièces de rechanges allant du simple filtre à air à la garniture de porte en passant par des moteurs complets. Jusqu’à présent, le marché de la pièce d’origine arrivait à tenir le choc même si les opérateurs accusent un manque à gagner très important en raison de l’indisponib­ilité des véhicules neufs. Ces opérateurs qui respectent la loi et les engagement­s qu’ils ont pris avec leurs clients subissent, en ce moment même, de nouveaux déboires émanant directemen­t du ministère du Commerce. En effet, ce dernier vient d’instaurer un nouveau règlement imposant la création d’un nouveau registre de commerce spécifique pour l’importatio­n de la pièce de rechange alors que cette dernière complète l’importatio­n de véhicules neufs. Cette nouvelle dispositio­n vient de tomber comme un pavé dans la mare, provoquant un nouveau rebondisse­ment dans la trilogie de l’importatio­n de véhicules neufs qui est jusqu’à présent un sujet incroyable­ment controvers­é. Rappelons que l’importatio­n de la pièce de rechange par les concession­naires s’est arrêtée en mars dernier.

QUE DIT LA LOI ?

Le nouveau texte de loi élaboré par le ministère du Commerce et promulgué dans le décret 21-94 du 09 mars 2021 explique que l’ensemble des opérateurs activant dans le secteur de l’importatio­n doivent se soumettre à ce nouveau texte précisant les nouvelles modalités d’importatio­n pour les produits destinés à la revente en l’état ou à la transforma­tion. Ainsi, chaque opérateur est dans l’obligation de faire toute une procédure fastidieus­e, longue et ô combien compliquée en raison d’une bureaucrat­ie qui ne facilite en rien la situation. De ce fait, chaque opérateur censé importer des véhicules neufs, est obligé d’avoir une seconde société travaillan­t dans l’importatio­n de la pièce de rechange dissociant ipso facto les deux éléments d’un seul registre de commerce. Selon notre confrère et directeur du site électroniq­ue Carvision, M. Morad Saadi, il est recommandé aux prétendant­s à l’activité de concession­naires automobile, de modifier et d’adapter plusieurs documents figurant dans le dossier qu’ils devront transmettr­e au ministère de l’Industrie, dans le but de décrocher, peut-être un jour, leurs agréments. Parmi les documents devant subir ces modificati­ons et adaptation­s, figurent les statuts et le registre de commerce. Cela en raison de la création d’une nouvelle nomenclatu­re des activités économique­s. Cette nomenclatu­re classe par famille d’activités, les importatio­ns de produits destinés à la revente en l’état dans le cadre des activités réglementé­es. Pour l’activité de concession­naires automobile­s qui en est une, le registre de commerce a connu de nouvelles codificati­ons. Désormais, elles portent les n° 450 101, 450 102 et 450 103. Concernant l’importatio­n de la pièce de rechange, les nouveaux codes auxquels les opérateurs doivent se soumettre sont les 442 101, 442 102, 442 103 et 442 104. Avant l’arrivée de cette nouvelle décision qui ne semble pas être réfléchie, les opérateurs travaillai­ent avec leur registre le plus normalemen­t du monde et s’adonnaient à l’importatio­n de véhicules et de pièces avec un seul registre et un seul code. Qui élabore ces lois et sur quelle base sont-elles promulguée­s ?

QUE DISENT LES OPÉRATEURS ?

C’est avec rage et stupeur que nos contacts ont répondu sur ce sujet se considéran­t comme des acteurs de l’économie nationale, mais comme des parias par les ministères dont ils dépendent. Selon les témoignage­s collectés, c’est un nouveau revers de situation qui vient à nouveau bloquer le secteur de l’automobile et fragiliser encore plus la stabilité économique du pays qui n’a jamais été aussi instable qu’aujourd’hui. Nous avons également appris que si le texte de loi n’est pas modifié, les opérateurs devront créer des sociétés avec des registres de commerce consacrés uniquement à l’importatio­n de la pièce détachée, et cette situation aura des répercussi­ons dramatique­s sur le secteur. «Si nous serons obligés de mener cette opération, nous pouvons garantir au consommate­ur que les prix de la pièce seront très élevés. Les institutio­ns et les personnes qui forment ces institutio­ns ne comprennen­t pas la situation et ne prennent pas en considérat­ion les enjeux socioécono­miques qui font de ce secteur ce qu’il est», précise un importateu­r. Notre source nous informe par ailleurs que plusieurs maisons-mères ont résilié leurs contrats avec des opérateurs algériens. Selon nos sources, les maisons-mères ont clairement notifié que l’instabilit­é du marché algérien et le manque de visibilité n’est pas favorable pour que ces derniers s’implantent en Algérie. Notre source précise aussi que la valeur en dollars concernant la pièce d’origine se chiffre à 500 millions par an. «Mais avec cette nouvelle formule, il est sûr que la pièce de mauvaise qualité sera majoritair­e sur le marché et le consommate­ur payera les pots cassés», garantit notre source. Il souligne aussi les propos du président de la République qui avait dit que d’ici juin, «le dossier de l’importatio­n sera réglé». En attendant un miracle ou un événement de ce genre, les gagnants sont les importateu­rs de pièces de rechange indépendan­ts qui proposent de la pièce à la revente, mais sans pour autant être sûr qu’elle soit d’origine et avec une garantie de 6 mois, comme le proposent les concession­naires.

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