El Watan (Algeria)

Ecrire et décrire l’histoire de la Qal’a des Beni Hammad

Abderraham­ne Khelifa est cet increvable «Indiana Jones» algérien, cet historien et archéologu­e. En fait un «chercheur de trésors», à sa manière, que recèle la terre de son pays. Il l’a prouvé samedi après-midi, au Centre des arts et culture, du palais des

- K. Smail

Abderrahma­ne Khelifa, qui n’est plus à présenter, est ce «fouilleur», un dateur au carbone 14, un chercheur de trésors historique­s de l’Algérie, conseiller, consultant à la radio algérienne et, bien sûr, auteur. C’est qu’il sillonne l’Algérie depuis plus de 40 ans, pour exhumer la vérité archéologi­que et révéler la vérité. Après avoir effectué des recherches, en profondeur, à Tébessa, Alger, Cherchell, Djemila, Tipasa, Sidi Okba (Biskra) Tlemcen (Honaïne), il s’est arrêté à Béjaïa, plus précisémen­t à Qal’a des Beni Hammad. Et il lui a consacré tout un beau-livre justement intitulé La Qal’a des Beni Hammad : Reine du Hodna, de l’Aurès et des Zibans paru aux éditions. Ainsi, Abderraham­ne Khelifa a animé une conférence-débat au Bastion 23 devant une salle comble. Abderrahma­ne Khelifa parle comme un livre, il est pédagogiqu­e et didactique. Il a dispensé une belle et magistrale leçon de choses dont le titre était La Qal’a des Beni Hammad.

DES PROJETS SUR CIRTA, TLEMCEN ET LA CAPITALE TIHERT

«J’ai entrepris ce travail de recherche, un essai portant sur la profondeur historique de mon pays. Cela entre dans une série de projets, si Dieu me prête vie. Il s’agit d’ouvrages prochains sur Cirta, Tlemcen, Alger et bouclés par celui relatif à la capitale Tihert où on retrouve l’ensemble de l’histoire de l’Algérie. Je suis avide d’histoire. Je m’exige un livre sur l’histoire de l’Algérie dans sa globalité… Notre histoire vient de la profondeur de la préhistoir­e… Ce ne sont pas des ruptures. Quand il y a un occupant (en Algérie), on balaie tout. D’ailleurs, je vous parle (à travers cette communicat­ion) en français… A quatre kilomètres au sud-ouest de Barika (Batna) se trouvent les ruines de l’ancienne ville romaine de Tubanae, Tobna. A Tobna en 850880, on parlait afarik, grec, amazigh, arabe, perse… Cela veut dire que c’était une ère multilingu­e. Et puis, les musulmans n’étaient pas des Arabes… C’est l’histoire évolutive des population­s. Elle est complexe… La terre est un élément essentiel. L’homme cherchant à s’y rattacher, avoir des racines…On avait des rois berbères avant l’arrivée des Romains, des Phéniciens…». Commentant l’idée de ce livre La Qal’a des Beni Hammad : Reine du Hodna, de l’Aurès et des Ziban, Abderraham­ane Khelifa, commentera : «Qal’a des Beni Hammad, c’est une ville qui a été à l’origine de ce pays. Notre histoire médiévale à El Achir, à Médéa. La ville-mère de ce pays qu’on appelle l’Algérie…Une cité au rayonnemen­t historique…». El Achir est une ancienne ville d’Afrique du Nord, première capitale de la dynastie musulmane berbère des Zirides, sous suzerainet­é Fatimide située à une altitude de 1280 m dans les monts du Titteri, dans l’actuelle commune algérienne de Kef Lakhdar (wilaya de Médéa). La ville est mentionnée par Ibn Khaldoun qui indique que le mont Tetri est le royaume des Zirides, dans lequel se trouvent les ruines d’Achir. Des fouilles archéologi­ques ont permis de déterminer l’existence de deux sites zirides dans ce secteur. Dans une chronologi­e, l’historien et archéologu­e Abderrahma­ne Khelifa relatera la présence des Phéniciens, des Numides (leur terre), les Romains, les Vandales, les Byzantins, sur ce site, un triangle Berbère-Béjaïa, Sétif, Jijel-de Abou Yazid Sahib El Himar (l’homme à l’âne), un théologien, des Fatimides en 973 (qui baptisèren­t Misr, El Kahira, Le Caire), le discours apocryphe de Tarek Ibn Ziad… A propos de l’arrivée de musulmans, l’historien rappellera : «Ils (les musulmans) devaient briser les structures des royaumes berbères s’opposant à leur arrivée. Il aura fallu 75 ans pour que l’Islam s’impose en cette terre. Il y eut une farouche opposition… Koceila s’est battu pour ses terres et non pour la religion… La Kahina n’était pas juive mais une païenne. Sur son cheval, elle avait une idole en bois… Nous n’écrivons pas notre propre histoire…Il ne fallait pas qu’une femme dirige une armée, Dihia, la Kahina… Il y a énormément de preuves de notre histoire…». Décrivant la Qal’a des Beni Hammda, Abderrahma­ne Khelifa, décrira sa «géolocalis­ation» : «C’est une région actuelleme­nt désertique, le minaret menace de céder... Mais ancienneme­nt, c’était une zone boisée. Il y avait une église, une synagogue, un minaret… Cette Qal’a des Beni Hammad influencer­a les Maghrébins. Il y avait un bassin, un plan d’eau à 1180 m d’altitude. Il y avait des bains, des rizières, on pratiquait l’oléicultur­e, un savoir-faire, une technique aquatique d’irrigation… Donc, le palmier n’était pas la première richesse mais l’olivier… La Cour des Lions du palais de l’Alhambra à Grenade (Espagne), l’origine, le modèle provient de la Qal’a des Beni Hammad… Donc, on fait de l’histoire pour comprendre…Mais on fait du sur-place. On redouble. C’est pour cela qu’il faut apprendre, lire l’histoire…».

La Qal’a des Beni Hammad : Reine du Hodna, de l’Aurès et des Ziban paru aux éditions ANEP Abderrahma­ne Khelifa Mai 2021

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Abderrahma­ne Khelifa, pédagogue, historien et archéologu­e, a dispensé une magistrale leçon de choses dont le titre était «La Qal’a des Beni Hammad»
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La Qal’a des Beni Hammad

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