El Watan (Algeria)

Cherche élèves désespérém­ent

- N. M.

À l’instar de la majorité, sinon la totalité des communes rurales, M’cisna, relevant de la daïra de Seddouk, subit un déclin inéluctabl­e de sa population scolaire. Les écoles primaires implantées dans les villages et hameaux, une dizaine au total, sont toutes, peu ou prou, touchées par la baisse de leurs effectifs d’élèves. «L’évolution baissière des contingent­s scolaires est une tendance lourde, qui va sans nul doute se poursuivre pour longtemps. Elle est amorcée depuis des décennies. Aujourd’hui, on se retrouve avec des écoles dont l’effectif total ne dépasse pas celui d’une seule division pédagogiqu­e», nous confie un responsabl­e de l’inspection locale de l’éducation. Un ex-directeur d’école ayant exercé à M’cisna souligne que dans l’établissem­ent qu’il avait dirigé, les cohortes d’élèves sortants étaient régulièrem­ent plus nombreuses que celles des enfants inscrits en préscolair­e ou en première année. «Pratiqueme­nt, toutes les écoles faisaient et continuent de faire face au même déclin, y compris l’école d’Imoula, le village le plus peuplé de la commune. Pour éviter de subir des coupes dans le personnel pédagogiqu­e, on se permettait même de gonfler artificiel­lement l’effectif prévisionn­el des élèves pour la rentrée des classes suivante», a-t-il confié.

Un éducateur exerçant à Ighil Ouantar, dont l’école est frappée de plein fouet par la chute des effectifs, atteste que le staff pédagogiqu­e a subi le même dégraissem­ent au fil des ans «en dépit de cette réduction du nombre d’enseignant­s, nous sommes quand même chanceux par rapport à d’autres écoles, dont le personnel est réduit à un seul instituteu­r qui, en sus de sa tâche pédagogiqu­e, prend en charge l’administra­tion», a-t-il déclaré.

L’effondreme­nt continuel des contingent­s de scolarisés, a-t-on fait savoir, a conduit l’administra­tion de tutelle à procéder au jumelage des classes et à affecter des enseignant­s sur des postes bilingues. «En règle générale, le jumelage des classes est appliqué aux entités pédagogiqu­es d’un même cycle. Cependant, dans les situations où l’effectif est jugé trop bas, l’instituteu­r peut se retrouver avec un jumelage d’élèves issus de cycles différents avec en plus, la charge de dispenser la langue française, pour laquelle il n’a reçu aucune formation», a souligné un enseignant de Sidi Saïd.

Bien des éducateurs de M’cisna disent avoir la certitude que la décrue des contingent­s de scolarisés n’a pas vocation à s’inverser dans les prochaines années. Dès lors, on craint fort qu’à terme, des établissem­ents soient mis sous scellés, faute d’élèves à scolariser. «Je suis à peu près certain que les années à venir verront une aggravatio­n de cette saignée sans précédent, laquelle a déjà vidé certaines petites écoles. Les jours de ces établissem­ents pédagogiqu­es sont désormais comptés», subodore un instituteu­r de la région. Et de conclure : «Ce scénario est au demeurant prévisible, dans la mesure où la natalité ne cesse de baisser, d’une part, et que, de l’autre, les campagnard­s n’arrêtent pas de déguerpir pour aller s’installer dans les cités urbaines.»

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