Le bilan monte à 160 morts
● Le bilan est confirmé par une autre source locale qui a précisé que «50 corps ont été enterrés dans chacune des deux fosses communes et 60 corps dans la troisième fosse».
Le bilan de l’attaque menée par des djihadistes présumés qui a visé, dans la nuit de vendredi à samedi, le village de Solhan (nord-est), est monté à 160 morts, a rapporté hier l’AFP citant des sources locales. Au total, «160 corps ont été inhumés hier (samedi) dans trois fosses communes par les populations locales (...), dont une vingtaine d’enfants»,a déclaré un élu de la région. Le bilan est confirmé par une autre source locale qui a précisé que «50 corps ont été enterrés dans chacune des deux fosses communes et 60 corps dans la troisième fosse». Un précédent bilan de mêmes sources faisait état samedi soir de 138 morts, le gouvernement évoquant 132 morts.
Solhan est une petite localité située à une quinzaine de kilomètres de Sebba, chef-lieu de la province du Yagha qui a enregistré ces dernières années de nombreuses attaques attribuées aux djihadistes liés à Al Qaîda et à l’Etat islamique. Cette zone est proche des frontières avec le Mali et le Niger. Les assaillants ont d’abord visé un poste de Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), des supplétifs civils de l’armée burkinabè, selon des sources locales. Ils s’en sont ensuite pris aux maisons de Solhan et ont exécuté des habitants. L’attaque de Solhan en a suivi de près une autre, menée tard vendredi soir, sur un village de la même région, Tadaryat, au cours de laquelle au moins 14 personnes ont été tuées. Depuis 2015, le Nord, la capitale Ouagadougou et l’Est connaissent régulièrement des enlèvements, dont ceux d’Occidentaux, ainsi que des attaques perpétrées par des groupes djihadistes affiliés à Al Qaîda ou à l’organisation Etat islamique (EI).
LE CHANCRE
Le 15 janvier 2016, un attentat contre l’hôtel Splendid et le restaurant Cappuccino à Ouagadougou fait 30 morts, majoritairement des Occidentaux. L’attentat, premier de ce type dans le pays, est revendiqué par le groupe djihadiste Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI), qui l’attribue au groupe Al Mourabitoune de l’Algérien Mokhtar Belmokhtar. En novembre, la force antidjihadiste de l’organisation régionale G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad), soutenue par la France, a lancé ses premières opérations conjointes aux confins du Mali, du Burkina Faso et du Niger. Le 2 mars 2018, des attaques simultanées visent l’état-major et l’ambassade de France : huit militaires sont tués. L’attentat est revendiqué par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), lié à Al Qaîda. Pour la première fois, les assaillants ont utilisé une voiture piégée. Fin 2018, l’état d’urgence est décrété dans plusieurs provinces. A partir de 2019, les attaques deviennent quasi quotidiennes. En début d’année, le chef d’état-major général des armées est limogé, un nouveau gouvernement est formé, puis l’armée réorganisée. En mai, les gouverneurs des régions en proie à des attaques djihadistes sont limogés. Le 19 août, 24 soldats sont tués dans l’attaque d’une base militaire à Koutougou (nord), près du Mali. Le 6 novembre, au moins 38 personnes sont tuées et 63 blessées dans l’attaque d’un convoi transportant des employés de la mine d’or de Boungo, exploitée par une société canadienne dans l’Est. Le 24 décembre, 200 djihadistes attaquent la base militaire et la ville d’Arbinda, près du Mali, faisant 42 morts. Le 25 janvier 2020, un massacre fait 39 morts sur un marché du village de Silgadji (nord), où des hommes sont exécutés après avoir été séparés des femmes. Ce massacre intervient moins d’une semaine après l’attaque des villages de Nagraogo et Alamou (province de Sanmatenga), où les assaillants ont tué 36 civils. En août, le code électoral est modifié pour que les élections de novembre puissent être validées, même si elles ne peuvent se tenir sur tout le territoire en raison de l’insécurité. Le 26 avril dernier, deux journalistes espagnols et un militant écologiste irlandais sont exécutés alors qu’ils se trouvaient avec une patrouille antibraconnage attaquée dans l’Est. Le 3 mai, au moins 25 civils sont tués dans l’attaque du village de Kodyel, dans la commune de Foutouri (est).