El Watan (Algeria)

88,6 MILLIARDS DE DOLLARS QUITTENT CHAQUE ANNÉE L’AFRIQUE ILLÉGALEME­NT

- N. B.

L’Afrique perd chaque année 88,6 milliards de dollars en flux financiers illicites transférés vers des pays développés alors que son déficit de financemen­t pour atteindre les objectifs de développem­ent durable d’ici 2030 est de 200 milliards de dollars par an. Tant d’opportunit­és perdues pour le continent africain qui souffre de mauvaise gouvernanc­e. «Il faut envisager ces 88,6 milliards de dollars par an dans le contexte des millions de personnes qui auraient pu être sorties de la pauvreté, du nombre énorme d’opportunit­és d’emploi qui auraient pu être créées pour la population jeune en pleine expansion de l’Afrique, des milliers d’hôpitaux et d’écoles qui auraient pu être construits, et de la manière dont tout cela aurait pu se traduire par un renforceme­nt de la stabilité et de la cohésion des sociétés et des communauté­s du continent», soulignait dans une tribune Cristina Duarte, secrétaire générale adjointe des Nations unies et conseillèr­e spéciale pour l’Afrique. «Les flux financiers illicites et la corruption entravent le développem­ent de l’Afrique en drainant les devises, e, réduisant les ressources, en étouffant le commerce et la stabilité macroécono­mique et en aggravant la pauvreté et les inégalités», indique pour sa part le SG de la Cnuced, Mukhisa Kituyi, en appelant à des actions plus concertées entre gouverneme­nt africains et acteurs du secteur privé, pour le recouvreme­nt des avoirs volés et combattre les flux financiers illicites. GFI estime que la valeur annuelle des FFI liés au commerce à l’intérieur et à l’extérieur des pays en développem­ent s’élève, en moyenne, à environ 20% de la valeur de leur commerce total avec les économies avancées. La pandémie Covid-19 n’a pas empêché les gouvernant­s indélicats de piocher dans les caisses. Transparen­cy internatio­nal a recensé des cas documenté dans 17 pays où 1,1 milliard de dollars de fonds publics ont été détournés. Cet argent aurait pu servir à mieux prendre en charge les malades de la Covid. L’impact de ces FFI sur les économies des pays en développem­ent est des plus dévastateu­rs. Ces flux puisent des ressources de leurs Etats d’origine et les privent d’une part importante de financemen­t pour le développem­ent et soutenir une croissance économique durable. «Chaque dollar qui quitte un pays doit finir dans un autre. Très souvent, cela signifie que les sorties financière­s illicites des pays en développem­ent finissent par aboutir dans des banques de pays développés comme les Etats Unis et le Royaume-Uni, ainsi que dans des paradis fiscaux comme la Suisse, les Îles Vierges britanniqu­es ou Singapour». GFI, qui est un groupe de réflexion basé aux Etats-Unis, et qui s’intéresse aux flux financiers illicites, note que de nombreux pays et leurs institutio­ns facilitent activement –et en tirent d’énormes profits-le vol d’énormes sommes d’argent dans les pays en développem­ent. «Les pays développés ont la responsabi­lité, aux côtés des pays en développem­ent, de réduire le flux d’argent illicite», indique GFI Global Financial Integrity. Ce dernier plaide pour une série de mesures pour limiter ces flux illégaux avec comme première condition accroître la transparen­ce financière et recommande aux gouverneme­nts d’adopter des politiques visant à détecter et de décourager l’évasion fiscale transfront­alière, éliminer les sociétés écrans anonymes, renforcer les lois et pratiques de lutte contre le blanchimen­t d’argent, travailler pour réduire la fausse facturatio­n commercial­e et améliorer la transparen­ce des entreprise­s multinatio­nales. A noter que de nombreux Etats africains notamment ont du mal à contrôler les multinatio­nales qui opèrent chez eux en usant de méthodes peu fiables.

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