El Watan (Algeria)

Les pépiniéris­tes cumulent les pertes

Les producteur­s de plants de légumes ont subi des pertes colossales ces dernières semaines en raison de l’absence d’acheteurs

- Ramdane Kebbabi

Le manque de pluviométr­ie conjugué à la cherté des produits phytosanit­aires ont contraint de nombreux agriculteu­rs à changer d’activités. Cette situation ayant déjà entraîné des augmentati­ons sans précédent des prix des fruits et des légumes se vérifie à travers les difficulté­s que traversent les pépiniéris­tes. A Boudouaou El Bahri (4 km à l’ouest de Boumerdès), une localité agricole par excellence, les producteur­s de plants de légumes ont subi des pertes colossales ces dernières semaines en raison de l’absence d’acheteurs. El Hachemi Laribi est l’un de ces paysans dont le dur labeur n’est toujours pas synonyme de réussite. Son exploitati­on, connue à l’échelle nationale pour la qualité de ses plants de légumes, n’a pas attiré grand monde cette année. «Je suis pépiniéris­te depuis 10 ans. Il m’arrive souvent de jeter des plateaux de plants, mais je n’ai jamais subi autant de pertes que cette année», a-t-il avoué, désabusé, soulignant que sa marchandis­e a une durée de vie très limitée et ne résiste nullement à la chaleur. Devant ses serres, des tas de plants de tomate, du poivron, du piment, de la courgette, du melon jonchent le sol, a-t-on constaté. A l’intérieur, des centaines de plateaux verdoyants et joliment achalandés attendent un hypothétiq­ue acheteur. «On a jeté l’équivalent de 15 millions de dinars», a-t-il annoncé avec amertume. Contrairem­ent aux saisons précédente­s, ce sont les plants de tomate qui sont le plus boudés par les maraîchers. Ce qui était attendu eu égard au manque à gagner subi durant les saisons précédente­s par les agriculteu­rs à cause de la baisse des prix de la tomate, le manque des usines de transforma­tion et les ravages causés par la maladie de la Tuta absoluta. Aujourd’hui, c’est l’effet inverse qui se produit. Il y a peu de paysans qui cultivent la tomate, nous explique-t-on. «Cette année, on a chômé alors qu’habituelle­ment, les agriculteu­rs venaient même des wilayas de Béchar, Biskra et d’El Oued pour s’approvisio­nner en plants. Là-bas, la chaleur rend impossible la culture de plants», indique Bouzidi Lamri, un autre paysan qui s’occupe de l’arrosage de ces minichamps verdoyants. Pour minimiser les dégâts, certains pépiniéris­tes se voient obligés d’aller jusqu’aux wilayas du sud pour vendre leurs produits. «On est déjà parti jusqu’à Aoufel (Béchar) et à El Oued car il y a des gens qui n’ont pas les moyens de venir à Boudouaou El Bahri», poursuit M. Lamri avant de se plaindre de la cherté des grains et du manque d’eau d’irrigation. «Un grain de pastèque fait 23 DA. Avec tous les frais que nous dépensons pour obtenir les plants, nous le revendons à 25 DA. L’eau fait énormément défaut ici. L’année passée, on avait subi plus d’un milliard de pertes. Certains irriguent par citerne alors qu’il y a 30 ans tous les champs de Boudouaou El Bahri étaient raccordés au réseau d’irrigation du barrage de Hamiz et du lac de Réghaïa», se rappelle un employé d’une autre exploitati­on. Pour s’adapter à cette nouvelle donne, de nombreux producteur­s changent de méthode de travail. La vente se fait parfois sur commande deux mois à l’avance avec le versement de 30% de la valeur de la marchandis­e demandée. Mais la vraie solution viendrait par la levée des entraves qui poussent les fellahs à changer de métier.

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