Pour les Indiennes enceintes privées de vaccin, la maternité vire au cauchemar
Tanya Ashnigdh est enceinte de quatre mois mais au lieu de se réjouir à l’idée de devenir mère, cette Indienne de 31 ans est terrifiée de devoir fréquenter des hôpitaux publics malpropres et risquer d’y contracter le Covid-19 contre lequel elle n’est toujours pas vaccinée. «Je ne peux pas aller dans les hôpitaux publics, ils sont tellement sales et bondés que j’ai peur d’y attraper le virus», confie à l’AFP cette future maman, qui vit à Muzaffarpur, ville du Bihar, l’État le plus pauvre du pays. «J’ai même peur de passer une échographie, du coup je ne sais toujours pas à quelle date mon bébé est attendu.» Dans ce pays au système de santé sousfinancé et défaillant, mettre au monde un enfant n’a jamais été sans danger, mais en pleine épidémie de coronavirus les risques pour les futures mères sont d’autant plus élevés. D’autant que, faute de données sur les effets du vaccins sur les femmes enceintes, elles restent exclues de la campagne de vaccination étendue aux adultes de plus de 18 ans en mai, au plus fort de la deuxième vague épidémique. Les mères allaitantes, en revanche, y ont droit depuis peu. Pourtant, dans un récent rapport, la Fédération indienne des Sociétés d’obstétrique et de gynécologie soulignait que les «avantages très réels» de la vaccination des femmes enceintes l’emportaient sur les risques encourus. Aux États-Unis et au Royaume-Uni, elles sont immunisées avec les vaccins Pfizer et Moderna, toujours pas disponibles en Inde où ne sont déployés, pour l’heure, que ceux d’AstraZeneca et de Bharat Biotech.