Bolsonaro, le caméléon du football qui a tendu la main à la Copa América
La décision controversée du président brésilien Jair Bolsonaro d’accueillir, à partir d’aujourd’hui, la Copa América, au bord du naufrage, constitue avant tout, selon des experts consultés par l’AFP, un geste politique destiné à montrer une image de «normalité» dans un pays qui va bientôt passer le cap du demi-million de morts de la Covid-19. «Il y a une convergence d’intérêts liés à cette Copa América. D’un côté, le gouvernement veut montrer que le pays se prépare à l’accueillir, alors qu’en réalité (pour des raisons sanitaires évidentes) ce n’est pas le cas», souligne le sociologue Rodrigo Moreira, de l’université Fédérale de Fluminense.
A deux semaines seulement du coup d’envoi initial, le président d’extrême droite a accepté de venir au secours de la Confédération sud-américaine de football (Conmebol), désarçonnée par les forfaits de l’Argentine (pandémie) et de la Colombie (émeutes) qui devaient initialement coorganiser le plus ancien tournoi de football du monde. «Nous pleurons les morts (de Covid), mais nous devons continuer à vivre», s’est justifié Bolsonaro, dont la gestion chaotique de la pandémie est actuellement étudiée par une commission parlementaire. Une décision qui fait depuis grincer des dents.
Des épidémiologistes redoutent une éventuelle troisième vague, tandis que certains joueurs basés en Europe, de Luis Sußrez à Sergio «Kun» Agüero en passant par Juan Guillermo Cuadrado, ont exprimé leurs doutes sur la tenue de l’événement sans toutefois le boycotter. Cette Copa América ne marque pas la première intervention de Bolsonaro dans le football.
Et il n’est pas le premier leader brésilien à utiliser la religion officieuse du Brésil à des fins politiques. Supporter assumé de Palmeiras, il n’a eu aucun mal à revêtir un jour de juillet 2020 le maillot des Corinthians, un club qui s’était pourtant opposé à la dictature militaire (1964-1985) que le Président n’a jamais critiquée.