El Watan (Algeria)

DES DOUTES ET DES QUESTIONS SUR LE TAUX DE PARTICIPAT­ION

- Salima Tlemçani

Pour la première fois, l’annonce des résultats du scrutin législatif du 12 juin dernier ne peut avoir lieu avant la fin de la semaine. C’est ce qu’a affirmé, hier, Mohamed Charfi, président de la l’ANIE (Autorité nationale indépendan­te des élections) en raison «de la complexité» du nouveau mode électoral. Mais, déjà, des doutes, voire des polémiques sont suscitées par les chiffres qu’il avait rendu publics la veille, deux heures seulement après la fermeture des bureaux de vote. Charfi avait annoncé une «moyenne» nationale de 30,20% de participat­ion au scrutin législatif au niveau national et de moins 5% à l’étranger. Il a précisé que dans 7 wilayas, ce taux n’a pas atteint les 8%, et dans 10 autres, il était compris entre 20 et 25%, alors que dans 14 wilayas, la moyenne de participat­ion s’est établie entre 30 et 40% ; dans 3 autres, comprise entre 40 et 50% et dans 6 autres elle a dépassé les 50%. Charfi n’a pas donné d’autres détails, mais a insisté sur le fait qu’il «s’agit là d’une première déclaratio­n de résultats et non pas d’une proclamati­on de résultat».

Ces résultats ont toutefois suscité le doute, surtout si on les compare avec ceux enregistré­s à 16h et annoncés par l’ANIE à 17h. En effet, quatre heures avant la fermeture des bureaux de vote, le taux de participat­ion était de 14,47 % au niveau national et de 4,29% à l’étranger. Sur 58 wilayas, 34 avaient enregistré un taux de participat­ion compris entre 10 et 20%, 5 wilayas ont eu un taux de moins de 10%, 8 wilayas ont obtenu une moyenne de 20 à 30%, 4 wilayas ont eu un taux compris entre 30 et 40%, alors que 3 wilayas seulement ont enregistré un taux dépassant les 40%.

Deux heures plus tôt, la moyenne de participat­ion était de 10,02% au niveau national et 3,70% à l’étranger. Dans 13 wilayas, le taux était de moins 10% ; dans 35 wilayas, il était compris entre 10 et 20%, dans 5 wilayas, entre 20 et 30% et seulement 4 wilayas ont enregistré un taux compris entre 30 et 40%. Ce qui démontre que la tendance haussière était vraiment au ralenti. Cela étant, il est important de relever que les taux de participat­ion les plus élevés enregistré­s à 17h concernent les wilayas à faible électorat. C’est le cas d’IIlizi, avec 44,13% pour 55 441 électeurs, Tindouf, 44,64% pour 100 877 électeurs, Bordj Badji Mokhtar, 44,91% pour 37 545 électeurs, In Guezzam, 49,01% pour 28 716 électeurs, In Salah, 32,83% pour 44 104 électeurs et Djanet, 38,92% pour 28 483 électeurs. Les grandes villes à fort potentiel de votants ont pour la plupart obtenu des moyennes de participat­ion très faibles. C’est ainsi qu’Alger, avec 1 972 911 d’électeurs, a enregistré un taux de participat­ion de 8,54% de participat­ion. A Oran, sur les 1 052 776 inscrits, seulement 11,38%, soit un peu plus de 119 000 personnes ont voté. Sétif, avec ses 1 019 287 électeurs, n’a enregistré que 12,04% de taux de participat­ion, soit 122 683 votants.

A Constantin­e, sur les 607 877 inscrits, seulement 69 299 ont voté, soit 11,40% des électeurs. La wilaya de Chlef, qui compte 723 507 électeurs, a enregistré un taux de participat­ion de 11,41%, soit 82 530 votants, alors que Blida, avec ses 705 178 électeurs, a obtenu une moyenne de participat­ion de 12,75% et Tlemcen, avec ses 722 260 inscrits sur le fichier électoral, seulement 115 116 ont voté, soit 15,94%. Béjaïa a enregistré un taux de 0,79% de votants, soit 4436 sur les 561 796 inscrits.

A Bouira, sur les 534 272 électeurs, seulement 39 223 ont voté, soit 7,34%. En tout état de cause, les taux «provisoire­s» annoncés par le président de l’ANIE, deux heures après la fermeture des bureaux de vote, n’ont pas manqué de susciter des doutes et des polémiques, parce qu’il est difficile de croire que les taux de participat­ion peuvent avoir une courbe ascendante aussi importante en moins de trois heures. En attendant de probables explicatio­ns avec les résultats définitifs, de nombreuses questions restent posées.

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