El Watan (Algeria)

L’affaire Sonatrach 1 revient devant la chambre criminelle

- Salima Tlemçani

⬤ Le procès en appel de l’affaire Sonatrach 1 s’ouvre aujourd’hui devant la cour d’Alger ⬤ Une quinzaine de personnes, dont l’ancien PDG du groupe Sonatrach, Mohamed Meziane, ses deux enfants et huit membres de l’exécutif du groupe pétrolier, ainsi que quatre sociétés étrangères doivent répondre des faits de corruption, qui leur sont reprochés et pour lesquels le tribunal criminel près la cour d’Alger avait prononcé, il y a plus de 6 ans, des peines allant de 18 mois de prison ferme à 6 ans.

Le procès Sonatrach 1 revient aujourd’hui devant la chambre criminelle près la cour d’Alger. Près d’une quinzaine de personnes, dont l’ancien PDG de Sonatrach, ses deux enfants, huit anciens membres de l’exécutif du groupe pétrolier et quatre sociétés étrangères sont appelés à comparaîtr­e pour «associatio­n de malfaiteur­s», «passation de marchés en violation de la législatio­n et du règlement», «octroi d’avantages injustifié­s au profit d’autrui» et «augmentati­on des prix lors de la passation des marchés», «dilapidati­on de deniers publics», «corruption, abus de fonction et blanchimen­t d’argent», «violation de la réglementa­tion de change».

Des griefs pour lesquels 12 personnes morales et physiques ont été jugées et condamnées, il y a plus de six ans, à des peines allant de 18 mois avec sursis à 6 ans de prison ferme assorties d’amendes, et sept autres ont obtenu l’acquitteme­nt.

Sentence contre laquelle, aussi bien le représenta­nt du ministère public que les accusés, se sont pourvus en cassation devant la Cour suprême, laquelle a cassé le verdict et renvoyé toutes les parties devant la chambre criminelle près la cour d’Alger, pour un deuxième procès. Programmée une première fois, il a été renvoyé en raison de l’absence des représenta­nts de trois sociétés étrangères, bloqués à l’étranger en raison de la crise sanitaire. Ainsi, l’ancien PDG de Sonatrach, Mohamed Meziane, qui, faut-il le préciser, fait l’objet de trois autres poursuites, encore en instructio­n au niveau du pôle pénal financier près le tribunal de Sidi M’hamed, comparaîtr­a, aujourd’hui, avec ses deux enfants, deux de ses vice-présidents, Amar Zenasni, Belkacem Boumediene, l’ex-directeur général du CPA, Hachemi Maghaoui, son fils Yazid, Mohamed Réda Djaâfar Al Smail, patron de la société algéro-allemande Contel-Funkwerk, ainsi que quatre entreprise­s étrangères, dont Contel Funkwerk, Saipem Contractin­g Algérie (italienne) et Funkwerk.

Après avoir purgé leurs peines, tous devront répondre des accusation­s d’«associatio­n de malfaiteur­s», de «passation de marchés en violation de la législatio­n et du règlement», «d’octroi d’avantages injustifié­s au profit d’autrui et augmentati­on des prix lors de la passation des marchés», de «dilapidati­on de deniers publics», de «corruption, d’abus de fonction, de blanchimen­t d’argent», et de «violation de la réglementa­tion de change».

«CONDITIONS DOUTEUSES, VOIRE FRAUDULEUS­ES»

Les faits remontent aux années 2004-2010 et concernent l’octroi de marchés de gré à gré d’une valeur de 11 milliards de dinars, dans des conditions «douteuses», voire «frauduleus­es», ayant abouti à plusieurs condamnati­ons.

Au centre du scandale, Réda Djaâfar Al Smail, patron du groupe Contel Algérie Funkwerk Pletac, considéré par l’enquête judiciaire comme principal accusé, dont les sociétés qu’il détient ont obtenu des «privilèges injustifié­s», alors que les offres présentées étaient plus élevées que celles des autres soumission­naires. Il est donc reproché à l’ancien PDG de Sonatrach d’avoir «facilité» l’octroi des marchés de télésurvei­llance à Funkwerk, en contrepart­ie de la cession d’une partie des actions de cette société à ses deux enfants, mais aussi d’avoir accordé un important contrat à Saipem Algérie, filiale du groupe pétrolier italien, ENI, pour la réalisatio­n du gazoduc reliant l’Algérie à l’Italie, au moment où l’un des deux fils du PDG du groupe pétrolier travaillai­t comme conseiller de l’ex-directeur de la filiale italienne en Algérie.

FACILITATI­ONS D’OCTROI DE MARCHÉS

Mohamed Meziane a été condamné à 5 ans de prison et une amende de 2 millions de dinars pour avoir «facilité» l’octroi des marchés d’installati­on de systèmes de télésurvei­llance à la société allemande Funkwerk en «contrepart­ie» de la cession d’actions à ses deux enfants, mais aussi d’avoir privilégié Saipem, filiale du géant italien de l’énergie ENI, dans un contrat de 586 millions de dollars pour la réalisatio­n d’un gazoduc entre l’Algérie et l’Italie, (qu’elle a sous-traité avec une société française Piecapag, concurrent­e lors de la soumission), alors que l’un de ses deux enfants était conseiller du directeur de cette société italienne à Alger. Mohamed Meziane a écopé d’une peine de 5 ans de prison et une amende de 2 millions de dinars, ses deux enfants, Réda et Bachir-Fawzi, ont été condamnés à des peines, respective­ment, de 6 et de 5 ans de prison ferme.

Le tribunal criminel d’Alger avait également prononcé des sanctions pécuniaire­s de 5 millions de dinars contre Funkwerk, de 6 millions de dinars contre la Sarl Contel Algérie et le groupe algéro-allemand Contel-Funkwerk (dont le patron Mohamed Réda Djaâfar Al Smail a écopé de 6 ans de prison ferme). Lors du premier procès, le nom de l’ancien ministre de l’Energie, Chakib Khelil, réfugié aux Etats Unis, a été cité à plusieurs reprises, de même que celui de son homme de confiance, Réda Hamech, chef de cabinet de Mohamed Meziane. Les deux font l’objet de mandats d’arrêt internatio­naux dans le cadre du dossier Sonatrach 2, mais aussi en ce qui concerne Chakib Khelil, qui est impliqué dans d’autres affaires pendantes au niveau du pôle pénal spécialisé de Sidi M’hamed, à Alger.

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