El Watan (Algeria)

Des détenus d’opinion suspendent leur grève de la faim

- H. L.

Plusieurs détenus d’opinion, incarcérés à la prison d’El Harrach (Alger), ont suspendu, lundi dernier, leur grève de la faim pour des raisons de santé, a annoncé, hier, le Comité national pour la libération des détenus (CNLD) sur sa page Facebook. Il s’agit de Mohamed Tadjadit, Malik Riahi, Soheib Debaghi, Noureddine Khimoud et Tarik Debaghi. En mai dernier, la chambre d’accusation de la cour d’Alger a confirmé les mandats de dépôt prononcés contre ces cinq militants du hirak. Ils ont été placés le 8 avril 2021 sous mandat de dépôt suite à leur présentati­on devant le juge d’instructio­n du tribunal de Sidi M’hamed à Alger.

M. Tadjadit et M. Riahi avaient été arrêtés dans la soirée du 4 avril dans un appartemen­t à Aïn Benian (Alger) après perquisiti­on de la police et ont été placés en garde à vue. Les autres ont été arrêtés à Barika (Batna) le lendemain, le 5 avril, à bord d’un véhicule et transférés vers Alger dans la soirée. Ils sont tous poursuivis pour «direction et organisati­on d’une associatio­n de malfaiteur­s», «diffusion de fausses informatio­ns de nature à troubler l’ordre public», «atteinte à la vie privée d’un enfant et son exploitati­on à des fins contraires à la morale», «incitation à la débauche», ainsi que «détention de stupéfiant­s pour consommati­on». Ces ex-grévistes de la faim figuraient parmi la soixantain­e de détenus d’opinion qui ont observé une grève de la faim depuis dix jours pour «protester contre les conditions carcérales et aussi la lenteur des instructio­ns de leurs dossiers», a précisé le CNLD. «En dépit de la détériorat­ion de leur état de santé, ils sont déterminés à poursuivre leur grève de la faim», a signalé Zaki Hannache, militant des droits de l’homme, sur son compte Facebook. Depuis quelques semaines, le régime semble déterminé à briser le mouvement de contestati­on afin d’appliquer sa «feuille de route» électorale, sans tenir compte des revendicat­ions du mouvement populaire. Depuis l’annonce des législativ­es, rejetées en bloc par le hirak et l’opposition démocratiq­ue, le pouvoir a interdit les manifestat­ions hebdomadai­res du hirak et multiplié les arrestatio­ns et les poursuites judiciaire­s à l’encontre d’opposants politiques, de militants, d’avocats et de journalist­es. Plus de 220 personnes sont actuelleme­nt incarcérée­s pour des faits en lien avec le hirak et/ou les libertés individuel­les en Algérie, d’après le CNLD.

Dans son dernier rapport annuel, l’ONG Amnesty Internatio­nal a dénoncé le fait que «cette année encore, les autorités ont arrêté et poursuivi en justice des manifestan­t(e)s pacifiques, des journalist­es, des militant(e)s et des citoyen(ne)s qui n’avaient fait qu’exercer pacifiquem­ent leurs droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique».

Le départemen­t d’Etat américain a aussi épinglé l’Algérie dans son rapport sur la situation des droits humains dans le monde, dénonçant en particulie­r la détention arbitraire de prisonnier­s politiques, le manque d’indépendan­ce de la justice et les restrictio­ns à la liberté d’expression et de la presse.

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