Le FLN ne peut pas mourir
Est-ce un hasard si le FLN et le RND, dont les deux derniers patrons sont en prison, sont déclarés provisoirement vainqueurs des législatives ? Non, comme en musique, il n’y a pas de hasard en politique, c’est celui qui paye l’orchestre qui commande les chansons. A bien regarder, le Président est toujours membre du comité central du FLN, son Premier ministre étant aussi adhérent du même parti, et depuis 1962 le FLN a toujours été premier aux législatives, excepté pour l’élection de 1997, la première qui autorisait d’autres partis politiques à se présenter après la vraie première de 1991 mais qui a été annulée. Au cours de cette élection de 1997, le vieux crocodile est d’ailleurs arrivé troisième derrière les nouveaux-nés RND et Hamas, dans un scrutin bien sûr truqué qui, comme ceux qui suivront, a été détourné. Propagande, mensonges et coups bas, répression, walis, justice et intérieur, les urnes bourrées ont été jusqu’à vomir, ce qui a créé ce vide intestinal et l’arrivée du hirak el moubarek par appel d’air. L’ONM, l’organisation des moudjahidine, avait bien demandé la dissolution du FLN pour le mettre au musée, mais le ministère a été ensuite renommé
«ministère des Moudjahidine et des Ayants droit», façon de rester sur une ligne temporelle infinie, où toute contestation de l’ordre établi serait vaine, le FLN ne meurt ni ne passe en justice, tout comme son président d’honneur, Abdelaziz Bouteflika. Avec la désaffection des votants qui ne veulent plus jouer sur un terrain où l’arbitre est cousin de l’entraîneur et l’abstention qui en découle logiquement, la composition de l’Assemblée serait donc celle-ci aux dernières nouvelles, FLN, MSP, Hamas et Bengrina. Alliance présidentielle, main levée, salaires énormes et gel des avoirs moraux jusqu’à un futur lointain. La boucle est bouclée, bienvenue dans la Nouvelle Algérie. Nous sommes en juin 2021, vous rêvez encore à un avenir meilleur, il faut donc continuer à dormir. Car c’est physiologique, on ne peut pas rêver si on est éveillé.