El Watan (Algeria)

Quelles alliances pour quelle majorité ?

En plus du déficit de légitimité qu’elle traînera comme un boulet durant tout le mandat, la nouvelle APN butera sur une autre problémati­que de taille : constituer une majorité.

- MADJID MAKEDHI

n Les résultats provisoire­s des élections législativ­es sont désormais connus. Les chiffres communiqué­s mardi dernier par le président de l’ANIE, Mohamed Charfi, donnent une future Assemblée populaire nationale (APN) mosaïque.

Les résultats provisoire­s des élec- tions législativ­es anticipées sont désormais connus. Les chiffres communiqué­s mardi dernier par le président de l’Autorité nationale indépendan­te des élections (ANIE), Mohamed Charfi, donnent une future Assemblée populaire nationale (APN) mosaïque.

En plus du déficit de légitimité qu’elle traînera comme un boulet durant tout le mandat, la nouvelle APN butera sur une autre problémati­que de taille : constituer une majorité. Et pour cause, la nouvelle Chambre basse du Parlement n’a pas une couleur politique homogène. Il y a de tout : du courant dit «nationalis­te» à celui des «islamistes» en passant bien sûr par les indépendan­ts qui ne forment pas, eux aussi, un bloc uni. Contrairem­ent à 1997, 2002, 2007, 2012 et 2017, la législatur­e qui commencera dans une quinzaine de jours n’a pas de «leader».

Le FLN, qui a gagné 105 sièges, reste minoritair­e à l’APN et il ne pourra pas imposer sa voix devant les 300 députés représenta­nt d’autres partis, dont son frère ennemi le RND, qui est arrivé 4e avec 58 sièges. Les partis islamistes aussi n’auront pas la possibilit­é de contrôler l’Assemblée. Sur les six formations engagées dans la compétitio­n électorale, uniquement quatre, en l’occurrence le MSP, El Bina, le FJD et le Front de l’Algérie nouvelle, ont pu obtenir le quitus pour siéger à l’Assemblée. Ils totalisent 107 députés, s’ils décident de former une alliance verte.

Ainsi, les «gagnants» de ces législativ­es sont contraints de passer à la table des négociatio­ns en vue de former des alliances capables de les aider à trancher les questions urgentes, dont celle d’élire le nouveau président de l’APN, les vice-présidents et les présidents des commission­s. La bataille devrait ainsi être rude et le jeu des coulisses devrait faire rage. Au lendemain de l’annonce des résultats provisoire­s, certains chefs de parti se disent déjà prêts à négocier. C’est le cas du président du Front El

Moustakbel (48 sièges), Abdelaziz Belaïd, qui a laissé entendre que sa formation fera des alliances en fonction des tractation­s qu’elle mènera avec les autres acteurs politiques. Et il est fort probable de voir ce parti s’allier avec le FLN, dont il est issu, et le RND ainsi que, peut être, les indépendan­ts pour peser sur la balance. L’autre casse-tête concerne la formation du prochain gouverneme­nt. Aucun des partis, rappelons-le, n’a soutenu la candidatur­e du président Abdelmadji­d Tebboune, lors de la présidenti­elle du 12 décembre 2019. Ils ne se sont pas également engagés ouvertemen­t à soutenir son programme. Mais tous lorgnent déjà du côté de l’Exécutif dans l’espoir d’intégrer le nouveau gouverneme­nt, devant être désigné juste après l’installati­on de la nouvelle APN. Le chef de l’Etat fera-t-il appel à eux ? Ouvrira-t-il des négociatio­ns avec le FLN qui détient une majorité relative et les partis ayant obtenu des scores appréciabl­es pour constituer une nouvelle alliance présidenti­elle ? Wait and see…

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Siège de l’Assemblée populaire nationale (APN)

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