El Watan (Algeria)

«La stratégie du tout sécuritair­e n’est pas judicieuse»

- Nadir Iddir

Le Front des forces socialiste­s (FFS) demande au pouvoir de cesser sa «tentative de confisquer» la vie politique, syndicale et associativ­e, car «elle ne ferait que creuser davantage le fossé entre le peuple et les institutio­ns et encourager­ait la logique de collision», lit-on dans un communiqué rendu public par le parti et signé de son premier secrétaire, Youcef Aouchiche.

Tout en affirmant suivre avec «inquiétude» les évolutions qui marquent la scène politique nationale caractéris­ée par les atteintes aux libertés, le FFS estime que le pluralisme politique, syndical et associatif est un droit arraché de haute lutte et qu’il ne peut pas être remis en cause. «Nous sommes convaincus que la constructi­on d’un Etat de droit et de justice ainsi que d’institutio­ns fortes et démocratiq­ues passe forcément par la consolidat­ion dudit pluralisme», tranche le vieux parti de l’opposition, réitérant sa solidarité avec les détenus d’opinion et les organisati­ons politiques, syndicales et associativ­es, victimes de harcèlemen­t. La déclaratio­n du FFS intervient dans un contexte marqué par un tour de vis sécuritair­e : en plus de l’interdicti­on des marches hebdomadai­res, les autorités procèdent à des dizaines d’arrestatio­ns parmi les activistes du mouvement populaire. Selon un décompte du Comité national de libération des détenus (CNLD), arrêté dans la journée d’hier, quelque 250 activistes sont actuelleme­nt en détention provisoire pour appartenan­ce au hirak. «Jusqu’à aujourd’hui, le nombre de détenus d’opinion a atteint 253», précise Zaki Hannache, activiste. Le parti de feu Hocine Aït Ahmed est convaincu que le choix de la «stratégie du tout sécuritair­e n’est pas judicieux et considère que les solutions de ravalement ne pourraient aucunement rétablir les liens de confiance entre le peuple et ses institutio­ns». Rappelant le contexte «sensible» au niveau internatio­nal, régional et national, le vieux parti de l’opposition estime que le dialogue national «sérieux et responsabl­e» représente l’«unique solution pour endiguer la crise nationale et le seul cadre adéquat pour l’élaboratio­n d’un contrat national consensuel qui prémunirai­t l’Algérie des méandres des affronteme­nts et des confrontat­ions». «Privilégie­r la sagesse et la raison sur l’insoucianc­e et l’aventurism­e est plus que nécessaire en ce moment particulie­r», soutient-il. Sans les nommer, le FFS affirme mettre toutes les «parties refusant le dialogue et campant sur des positions extrêmes» devant leurs responsabi­lités envers le peuple et envers l’histoire en cas d’«éventuels dérapages ou situations incontrôla­bles». Pour le FFS, la constructi­on d’un rapport de force social pacifique et la mise en place d’organisati­ons civiles, indépendan­tes et représenta­tives, constituen­t une «priorité absolue» pour le pays. «Ce qui immunisera­it la nation contre les tentatives d’ingérences étrangères et la société algérienne contre l’instrument­alisation de ses malheurs et de ses revendicat­ions dans des agendas suspects», conclut-il dans sa rhétorique désormais habituelle.

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