El Watan (Algeria)

Victoire relative pour les islamistes

- Amel B.

C’est une victoire relative pour les partis d’obédience islamiste lors des élections législativ­es du 12 juin : le Mouvement de la société pour la paix (MSP) a ainsi pu obtenir 64 sièges, le mouvement El Bina 40 sièges, tandis que le Front de la justice et le développem­ent (FJD) a pu grappiller deux sièges. Ce n’est peut-être pas le «raz-de-marée» annoncé, mais force est de reconnaîtr­e que le score des candidats islamistes n’a rien de déshonoran­t. Dans une conférence de presse organisée hier au siège de son parti, Abderrazak Makri, secrétaire général du MSP, exprimait sa satisfacti­on, en dépit de «graves dépassemen­ts» qu’il a tenu à dénoncer. «Nous innocenton­s le président de la République de ces graves dépassemen­ts. Nous n’accusons pas le président de l’Autorité nationale indépendan­te des élections (ANIE) – il ne doit pas faire ombrage de ces déclaratio­ns comme il a coutume de faire – car nous savons qu’il n’a pas les moyens nécessaire­s de savoir ce qui se passe dans les wilayas. Mais il doit répondre à ces remarques, car notre parti a été privé de nombreux sièges», a-t-il souligné. Les scores obtenus par le MSP rappellent néanmoins ceux qu’avait enregistré le Hamas lors des élections législativ­es de 1997. «Grâce à notre travail et notre engagement, dit Makri, le nombre de militants a été revu à la hausse dans différente­s wilayas. Nous avons réussi à préserver la stabilité du mouvement, et ce, même si la bande maffieuse a travaillé à nous casser, à nous frapper, à nous diviser. Six génération­s travaillen­t pour le MSP désormais, il n’y a aucune peur pour l’avenir du parti. Grâce à Dieu le Tout-Puissant, nous avons mis en place un parti sur lequel l’Etat peut compter», at-il affirmé triomphant, hier lors de la conférence de presse. Pour lui, l’opposition s’est divisée, lors de ces législativ­es en deux, la première affirmant qu’il «n’y aura pas d’élections avec les bandes maffieuses», la seconde – incarnée par le MSP, selon lui – estimant qu’il «y aura des élections contre les bandes maffieuses». Il en profite pour égrener les «priorités» du MSP dès qu’il sera installé à l’APN : la lutte pour le développem­ent national, la concrétisa­tion de la volonté du peuple, la lutte contre la corruption et les résidus de la bande maffieuse, la lutte contre les manoeuvres de l’entité sioniste… «Il faut savoir que la bande maffieuse est encore là. Celle-ci trouvera en le MSP un ennemi coriace. Ce sont les bandes maffieuses qui ont influé sur les résultats des élections», ditil, assurant que le MSP fait partie intégrante du «hirak» et qu’il n’a eu de cesse de demander la libération des détenus. Questionné sur le recul de la représenta­tion féminine, Abderrazak Makri a souligné que son parti avait fait des propositio­ns pour que la femme ait sa place dans l’hémicycle.

Le MSP devrait avoir, à l’en croire, au moins trois femmes élues à l’Assemblée.

L’autre parti islamiste qui sera présent à l’APN n’est autre que le mouvement El Bina présidé par l’inénarrabl­e Abdelkader Bengrina. Celui-ci était, pour rappel, arrivé deuxième derrière Abdelmadji­d Tebboune avec 17,37% des suffrages exprimés lors de l’élection présidenti­elle. Celui qui avait fait sa carrière au MSP jusqu’en 2009 a, une nouvelle fois, multiplié les gaffes et les formulesch­ocs lors de la campagne pour les législativ­es dont les réseaux sociaux s’en sont faits l’écho. Le Front de la justice et le développem­ent (El Adala) aura été le grand perdant parmi les islamistes. Dans une allocution prononcée hier, à l’occasion de l’annonce des résultats, le président d’El Adala, Abdallah Djaballah, a affirmé que son parti est victime d’un taux d’abstention élevé, notamment parmi les militants et les partisans de son mouvement. L’échec serait dû à des raisons internes, y compris le manque de discipline de certains cadres du conseil national de la choura et leur boycott de la campagne électorale et même du vote. Reste une grande inconnue dans la composante de la prochaine Assemblée populaire nationale, à savoir l’orientatio­n politique et idéologiqu­e des indépendan­ts et des probables alliances qui devront se nouer.

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