Feu vert des Emiratis pour l’extradition d’Ould Kaddour
l Le feu vert pour l’extradition de l’ancien PDG de Sonatrach, Abdelmoumen Ould Kaddour, a été donné par les autorités émiraties à la justice algérienne l Faisant l’objet d’un mandat d’arrêt international, Ould Kaddour a été arrêté le 20 mars dernier lors de son escale à l’aéroport de Dubaï, où il a été maintenu en garde à vue, puis relâché sous caution et interdit de quitter le territoire l Les négociations se poursuivent toujours pour l’extradition de près d’une dizaine d’autres Algériens faisant l’objet de mandats d’arrêt.
En transitant par l’aéroport de Dubaï, capitale émiratie, l’ancien PDG de Sonatrach, Abdelmoumen Ould Kaddour, n’a certainement pas pensé une minute au fait qu’il puisse être rattrapé par le mandat d’arrêt international lancé contre lui au début de l’année en cours, par la justice algérienne, dans le cadre d’au moins deux affaires de malversation et de corruption, à BRC et à la raffinerie Augusta (en Italie) et pendantes au niveau du pôle pénal économique et financier d’Alger.
En cette journée du 20 mars 2021, il quitte la France, où il détient de nombreux biens immobiliers avec les membres de sa famille, pour rejoindre le sultanat d’Oman (pour une conférence), en transitant par Dubaï, la capitale émiratie. Lors de cette escale et au moment où il passait par le contrôle aux frontières, des policiers lui demandent de les suivre. Son nom était déjà sur la liste des personnes faisant l’objet d’une notice rouge, c’est-à-dire à rechercher et à arrêter par Interpol, que l’Algérie avait lancée à son encontre. Depuis octobre 2007, l’Algérie et les Emirats sont liés par une convention d’entraide judiciaire, facilitant ainsi la procédure d’extradition entre les deux pays.
Après son interpellation, Ould Kaddour a passé la nuit en garde à vue, au niveau de l’aéroport, avant que son fils, alerté, ne fasse appel à des avocats, qui lui obtiennent une libération sous caution, moins de 48 heures plus tard, mais avec une interdiction de quitter le territoire émirati et le retrait de son passeport. Un délai de 30 jours renouvelable est donné à l’Algérie pour préparer le dossier judiciaire et le défendre. Les négociations sont alors engagées non seulement sur le plan judiciaire pour obtenir l’extradition d’une dizaine d’autres Algériens recherchés et qui vivent sur le sol des Emirats, mais aussi celle d’Ould Kaddour, qui bénéficie, nous dit-on, de «puissants appuis», en raison de son statut de conseiller auprès du royaume omanais, mais aussi à Doha, au Qatar. «Sur le plan judiciaire, le dossier était ficelé et rien n’empêchait son extradition. Mais, dans ce genre de dossiers, même s’il existe des conventions bilatérales d’extradition, le volet politique pèse énormément et surtout nécessite du temps. Il y a quelques semaines, l’accord de principe pour le transfert en Algérie de l’ancien PDG de Sonatrach et de la dizaine d’autres Algériens faisant l’objet de mandats d’arrêt internationaux et se trouvant sur le sol émirati, a été donné.» Néanmoins, nous dit-on, l’exécution de cette extradition «reste tributaire de l’ouverture des frontières aériennes. Cela prendra du temps». de Haliburton, de droit algérien, dirigée par Ould Kaddour. C’est en 2006, que le tribunal de Bir Mourad Raïs s’est saisi de ce scandale et a auditionné de nombreux hauts responsables des institutions ayant contracté des marchés avec BRC. L’instruction a levé le voile sur des opérations de «surfacturation» avec les ministères de l’Energie, de la Défense nationale, de l’Hydraulique, des Travaux publics, etc. mais aussi sur cet édifiant exemple de la réalisation par BRC, pour plus de 40 milliards de centimes, des deux tours abritant les sièges du ministère de l’Energie. Mais l’enquête fût étouffée, BRC dissoute et Ould Kaddour tombe dans le filet des services de renseignement militaire pour une affaire de «divulgation d’informations classées secret défense», qui lui a valu, le 26 novembre 2007, une condamnation de 30 mois de réclusion criminelle, prononcée par le tribunal militaire de Blida. En 2009, et après 26 mois de détention, il quitte la prison, sur intervention de la Présidence. Il disparaît des radars pendant des années, jusqu’à ce que Bouteflika lui confie, en mars 2017, les rênes de Sonatrach. Vingt- trois mois plus tard, et à la faveur de la contestation populaire, il est débarqué de son poste pour reprendre ses affaires, devenues encore plus importantes qu’avant.