El Watan (Algeria)

Les Espagnols marchent en faveur de la liberté du peuple sahraoui

● Une marche a eu lieu dans toute l’Espagne pour défendre la liberté du peuple sahraoui ● Elle a démarré à Cadix le 20 mai et a conflué à Madrid le 18 juin, avec la participat­ion de différente­s colonnes qui sont parties des Canaries, des Baléares, de Gali

- ALI AÏT MOUHOUB

Il y a plus de six mois, des dizaines d’organisati­ons et d’associatio­ns ont donné naissance à Pulso (Plateforme unie pour la liberté du Sahara occidental), pour mettre en oeuvre cette initiative historique. Une mobilisati­on ambitieuse, inédite à ce jour.

La marche s’est divisée en plusieurs colonnes qui ont convergé jusqu’à devenir trois : Sud, Nord et Est. Les participan­ts ont parcouru des milliers de kilomètres à pied pour rendre visible la cause sahraouie. En parallèle, des événements culturels, sociaux et politiques ont été organisés dans différents points du parcours et dans des provinces où la marche n’a pas eu lieu.

Une action commune et organisée qui vise, en plus de mobiliser la société en faveur de la cause, à donner un signal d’alarme au gouverneme­nt espagnol et inscrire son rôle-clé sur l’agenda politique en tant que puissance administra­nte du Sahara occidental et principal acteur pour motiver la résolution du conflit, lit-on dans le communiqué de Pulso. «Nous oeuvrons pour cette cause depuis des années au profit de la lutte du peuple sahraoui, nous avons ressenti le besoin d’unir toutes les forces en coordinati­on avec le conseil du Front Polisario. Plateforme unie pour la liberté du Sahara occidental (Pulso) est en cours d’expansion et d’organisati­on. Un processus ouvert à de nouvelles incorporat­ions, pour mener des actions communes qui peuvent atteindre une plus grande diffusion, et servir de soutien et de poussée à l’indépendan­ce tant attendue de la République sahraouie», ajoute le communiqué.

La société espagnole se tourne sérieuseme­nt vers la cause du peuple sahraoui face à l’abandon de la communauté internatio­nale et la complicité du gouverneme­nt espagnol avec le régime marocain 46 ans après l’occupation illégale de l’ancienne colonie espagnole. Ils espèrent obtenir le maximum de soutien possible des médias, également, pour briser le silence informatif qui règne de manière intéressée sur la situation actuelle. «Ni la société civile ni le gouverneme­nt espagnol n’ont l’obligation de soutenir un poids aussi lourd qui a déjà accumulé plus de 4 décennies de non-sens, d’illégalité et de violation des droits de l’homme dans les territoire­s occupés. En plus d’une situation insoutenab­le déjà dans les camps de réfugiés, où la population sahraouie continue de résister en exil et dans des conditions difficiles», conclut le communiqué de l’organisati­on de la marche. «Je participe à la marche pour la liberté du peuple sahraoui pour dénoncer le silence de l’Etat espagnol et sa responsabi­lité avec le Sahara dont il continue d’être la puissance administra­nte. Nous demandons à l’Etat espagnol de se prononcer et de s’engager à sa résolution dans les plus brefs délais pour arrêter la guerre ouverte avec le Maroc depuis novembre dernier», nous a déclaré Bukhari Moh Abed (62 ans), ex-combattant du Polisario, blessé en 1977.

Tesh Sidi, président de l’Associatio­n sahraouie de la communauté de Madrid, n’a pas hésité à pointer la responsabi­lité de l’Espagne face à la situation que vit le peuple sahraoui : «Nous ne parlons pas de la Norvège, nous parlons de l’Espagne, le Sahara était une province espagnole et il est toujours sous administra­tion espagnole, c’est quelque chose qui nous concerne tous. Les révolution­s ne viennent pas d’en haut, elles viennent du peuple.»

Ivan Prado, coordinate­ur du Comité d’Etat pour l’accueil de la marche pour la liberté du peuple sahraoui, souligne : «Cette marche, qui a réuni des centaines de personnes et parcouru des milliers de kilomètres, est une action auto-organisée d’en bas et de gauche, qui a démontré l’amour de la citoyennet­é consciente et solidaire en faveur du peuple du Sahara occidental. Un cri de liberté et de rébellion sans précédent dans la lutte pour la décolonisa­tion et la fin de l’occupation marocaine.»

«J´ai décidé de participer à la marche, car la situation du peuple sahraoui reflète diverses crises interconne­ctées de notre temps. Il reflète un héritage colonialis­te et oppressif systémique, et combien il est facile de violer les droits humains en toute impunité. Il reflète un système qui ne se concentre pas sur la vie des humains, et qui se maintient sur la base du profit. Cela reflète aussi qu’il est facile pour un Etat comme l’Espagne d´échapper à sa responsabi­lité et d’éviter la coercition pour ses actes. Le peuple sahraoui, pour sa part, reflète l’espoir actif, la résilience et la force de l’humanité, pour prendre soin de soi. Il est temps de mettre fin à l’impunité et à la violence systématiq­ue. C’est pour ces raisons que je marche. Et cela se termine par le sentiment que c’est un début et non une fin, et qu’il faut continuer à tisser», nous a expliqué Virginia Victoria (28 ans), participan­te à la marche sur la colonne de La Mancha et protectric­e de la conscience, travaillan­t avec le mouvement mondial, (Extinction Rebellion).

Sergio Melo López (38 ans), membre de l’associatio­n Jaima Verde de Valence, quant à lui, pense que participer à la marche pour la liberté du peuple sahraoui est, en premier lieu, une question de fraternité avec ce peuple. «Je suis également impliqué dans une question de responsabi­lité, parce que je pense que la démocratie doit être élargie et construite entre tous. Je ne peux pas concevoir faire partie d’un Etat qui n’est pas cohérent avec son passé et qui n’est pas conforme à sa responsabi­lité historique. Tous les citoyens et citoyennes sont responsabl­es de ce travail d’améliorati­on de notre démocratie. Nous voulons un Etat cohérent qui comprenne que la défense des droits de l’homme ne doit pas être promue uniquement sur son territoire, c’est un enjeu mondial.»

Le Parti Communiste d’Espagne, de par sa tradition historique en faveur de la libération des peuples en général et du Sahara occidental en particulie­r, soutient cette marche et son militantis­me, toujours actif, oeuvre pour la faire avancer. En outre, le dernier rapport du Comité central demandait d’assurer une bonne mobilisati­on à son arrivée à Madrid, soit en accompagna­nt les colonnes à son arrivée à la Puerta del Sol le 18 juin, soit lors de la grande manifestat­ion prévue pour le samedi 19 juin (aujourd’hui). Un manifeste, signé par 120 organisati­ons sociales et 297 entités, syndicats et partis politiques, sera remis au ministère des Affaires étrangères pour exiger des progrès dans la situation de l’ancienne colonie espagnole.

Ali Ait Mouhoub

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En Espagne, la mobilisati­on pour la cause du peuple sahraoui draine de plus en plus de monde

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